“Au bout de ce contrat, Constantine aura sa gestion d'eau moderne, avec des robinets alimentés H24, et nous assurerons un transfert de savoir-faire comme ne cesse de le revendiquer la partie algérienne”, rassure le patron des Eaux de Marseille et néanmoins président du Conseil mondial de l'eau. C'est ce que nous a déclaré la semaine écoulée Loïc Fauchon en marge de sa visite de travail à Constantine. Un déplacement effectué pour inspecter les différents chantiers ouverts mais, aussi, pour rassurer et donner un signal fort sur le niveau d'implication des Eaux de Marseille dans la réussite du contrat de gestion déléguée de l'eau de la capitale de l'Est du pays. Ainsi, le président des Eaux de Marseille a inauguré la toute nouvelle agence commerciale de l'ex-rue Pinget. La Seaco entame une montée en standing pour remplacer l'image des antennes ADE par une autre qui dégage le respect et la confiance. Même look constaté au niveau de l'agence de Djenane-Zitoune. “C'est un redéploiement qui, en plus des effets qu'il a sur le comportement et le rendement de notre personnel, cherche à réconcilier le Constantinois avec son fournisseur d'eau. La Seaco sera présente dans les 12 communes à travers les agences commerciales et les équipes techniques, équipées en conséquence”, annonce Loïc Fauchon. Sur le terrain, ce dernier est allé s'enquérir de près des chantiers ouverts dans plusieurs quartiers. À l'entrée de la cité Boussouf, des employés constantinois et marseillais, “ensemble dans la gadoue”, s'affairaient à vider pour la première fois des regards. Plus loin, au pied d'un immeuble, une autre équipe mixte procédait à des changements sur une partie des installations pour mettre fin aux risques de cross- connexion. “Comme vous le voyez, les techniciens de Marseille ne sont pas là pour donner des conseils mais pour transmettre leur savoir-faire par des actions concrètes menées dans les conditions du terrain”, commente le président des Eaux de Marseille au sujet de la présence de ses équipes dépêchées de l'Hexagone, il y a quelques semaines. Comme la formation n'est pas seulement empirique, Loïc Fauchon procédera, une heure après, à la remise des attestations de stage au profit de quelques employés. “La formation n'est pas un phénomène nouveau chez nous. Nous y consacrons 4% de notre chiffre d'affaires et le savoir-faire reste l'un de nos facteurs-clés de succès”, nous dira plus loin le président des Eaux de Marseille. Les ADE ont été toujours accusées d'être des entités sans âme, sourdes aux doléances des usagers et sans efficacité commerciale. Pour créer une rupture avec cette idée, Loïc Fauchon a inauguré le tout nouveau call-center de la Seaco. Ce dernier est censé couvrir 1 million d'habitants. Si les opératrices du centre sont appelées à dérocher leur téléphone, au plus au bout de la troisième sonnerie, à assister l'appelant à bien formuler sa requête et à assurer le feedback en temps opportun, les services de la Seaco doivent signifier une réponse claire aux doléances, au plus tard dans les 48 heures. “Reste que comme toute action, on doit faire un bilan intermédiaire d'ici quelques mois afin d'apporter des corrections si ces dernières s'imposent”, explique le président des Eaux de Marseille. “Le non-suivi des doléances, selon la procédure arrêtée, entraînera des sanctions directes et immédiates contre les cadres défaillants du moment que la procédure permet de situer les responsabilités”, rajoute Michel Vallin, DG de la Seaco. La visite du premier responsable des Eaux de Marseille à Constantine intervient dans une conjoncture marquée par une tension diplomatique entre Alger et Paris. Toutefois Loïc Fauchon tente de minimiser le cas de la mise en demeure adressée par le gouvernement algérien à sa compagnie le 1er février dernier. “C'est une façon de dire certaines choses à son partenaire et nous aussi, nous avons demandé des choses. Ce qu'il faut retenir c'est qu'on travaille de concert. Il y a un contact presque hebdomadaire entre le wali et moi, et entre notre DG et le président du conseil d'administration de la Seaco. Nous sollicitons régulièrement les responsables algériens pour nous apporter leur aide afin de surmonter certaines difficultés et nous sommes satisfaits de leur assistance”, rassure le patron des Eaux de Marseille. “Les données du terrain sont encourageantes, je suis certain que les deux parties vont faire bon ménage pour mener à terme ce partenariat”, ajoutera l'hôte de Constantine. “Le gouvernement algérien veut pour Constantine une gestion moderne de l'eau, avec comme éléments palpables, une eau dans les robinets H24 et un transfert du savoir-faire, alors nous serons à la hauteur de ce défit et dans les délais, je tiens à cela”, conclut le responsable français.