Sauf que ce projet, qui est dans l'air du temps, marqué actuellement par une confusion entre piété et bigoterie, est loin de faire l'unanimité. Et ceux qui sont contre ne manquent pas d'arguments. La construction d'une grande mosquée à Alger avec un minaret de 270 mètres de haut qui s'élèverait dans le ciel est a priori une œuvre grandiose où se conjugueraient à la fois spiritualité et architecture. Car en plus d'être une preuve de l'enracinement de l'Algérie dans sa dimension islamique, cette mosquée, si elle venait à voir le jour, ajouterait indiscutablement de la splendeur à la baie d'Alger, vue du ciel. Sauf que ce projet, qui est dans l'air du temps, marqué actuellement par une confusion entre piété et bigoterie, est loin de faire l'unanimité. Et ceux qui sont contre ne manquent pas d'arguments. D'abord d'un point de vue technique, des spécialistes en génie civil, en sismologie considèrent que le choix du site est totalement inapproprié. Primo, à cause de sa proximité avec la mer et qui dit mer dit risque de marée ou de tsunami ; secundo, ils font valoir le fait que le site en question est situé sur une zone traversée par une faille sismique. Ensuite, d'un point de vue socioéconomique, l'utilité de ce projet, qui tient davantage du prestige, est loin d'être avérée, comme cela a été dit et écrit ici et là. En effet, les lieux de culte dans la capitale ne manquent pas, dans la mesure où presque dans chaque quartier il y a une mosquée, sans compter celles qui sont encore en chantier un peu partout. Ce qui manque, en revanche, à la capitale, et là-dessus tout le monde est d'accord, c'est un grand hôpital construit selon des standards modernes pour faire face à la demande des habitants de la capitale et d'autres régions du pays. Car, aujourd'hui, il est admis par tous que les structures hospitalières existantes, héritées pour la plupart de l'époque coloniale, sont totalement dépassées en termes de prestations, tant en qualité qu'en quantité, en plus d'être dans un état d'obsolescence avancée. C'est la raison pour laquelle on verrait bien les milliards de dollars dédiés à la réalisation de cette mosquée réorientés vers un projet qui réponde à des besoins plus terre à terre. Il ne s'agit pas bien sûr de quelque hostilité que ce soit à la religion de notre part, pour éviter tout amalgame, mais juste une question de choix pragmatique entre l'utile et l'agréable.