Le Collège national des experts architectes (CNEA) a organisé, hier, au Palais des raïs du Bastion 23, une journée de sensibilisation qui a permis aux nombreux spécialistes présents, entre architectes, notaires, juristes et ingénieurs, de faire un état des lieux sur la réalité de la construction en Algérie. Une occasion aussi pour ces spécialistes d'affirmer que la loi 08-15 du 20 juillet 2008 relative aux constructions inachevées est loin d'être compatible avec la réalité du terrain. Pour l'organisateur de cette journée, M. Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes, il s'agit beaucoup plus “d'apporter des réponses aux problèmes de l'heure”. Le professeur Chelghoum Abdelkrim, spécialiste en génie sismique, a de son côté insisté sur les risques que représentent les vieilles bâtisses. “Il s'agit là d'un problème majeur, Alger ne ressemble pas aux grandes villes européennes, c'est une zone sismique. Je pense donc que la loi est incomplète. Il s'agit de la reproduction de règles élaborées ailleurs dont 95% sont des règles françaises. Des règles françaises et américaines appliquées sur le terrain algérien. Il fallait des laboratoires en place et il n'y en a pas. Aujourd'hui, on retrouve même des constructions de l'Etat sur des lits d'oued, à l'exemple de Ghardaïa et Djelfa”, a-t-il déclaré. Avant d'ajouter : “Cette loi a été faite dans des laboratoires de bureau au ministère de l'Habitat sans la concertation d'experts.” Le professeur a également évoqué le projet de la grande mosquée d'Alger, géré par un bureau d'études allemand. “Le site de la grande mosquée d'Alger a été choisi sans prendre en compte les critères de l'environnement et de terrain”, dit-il. Et de s'interroger : “Comment construire un minaret de 300 mètres de haut sur des fondations de 25 mètres ? Le site n'est d'ailleurs pas loin de l'oued El-Harrach.” Un autre ingénieur dira : “Ça ne sert à rien de créer des lois pour ne pas les appliquer.” De son côté, M. Boumediène Oukaci, P-DG du Centre tecnique de contrôle (CTC) Centre, met en exergue les lacunes de la loi, tout en regrettant l'anarchie qui caractérise les constructions. “On constate, malheureusement, un certain nombre d'anomalies qui existent toujours.” Enfin, M. Boudaoud fera savoir qu'il existe actuellement en Algérie 1 165 000 bâtisses inachevées. Chérif Memmoud