Victoire de la gauche, remontée de l'extrême droite. Les régionales auront été un vote anti-Sarkozy. 2012 ne sera pas évident pour le locataire de l'Elysée. Les Français devaient confirmer au second tour d'élections régionales une large défaite de la majorité de droite. C'est un vote anti-Sarkozy avec en prime la remontée de l'extrême droite que le président français avait pensé avoir dompté depuis qu'elle lui a donné ses voix en 2007 pour s'installer à l'Elysée. Et Sarkozy ne peut pas dire qu'il a été victime de l'abstention puisque contrairement au premier tour, les électeurs se sont déplacés aux urnes, apparemment pour voter contre le Président. Ce serait une défaite totale s'il n'y avait pas eu le siège arraché dans l'île de la Réunion et le maintien de celui de l'Alsace. La gauche qui a conservé ses fiefs, peut elle voir désormais venir la présidentielle de 2012. Leur dirigeante Martine Aubry n'a plus de complexes pour annoncer sa candidature. L'UMP défaite se demande si Sarkozy pourra trouver les gestes et les mots pour rassembler la droite et tracer des perspectives pour le prochain rendez-vous électoral ? L'UMP souhaite voir son chef se débarrasser des ministres socialistes et ou apparentés. Sarkozy pourra-t-il contenir encore ses troupes qui ne se gênent plus de lui dire tout haut ce qu'elles pensent de sa politique. L'assurance de son sherpa, Claude Guéant, que quel que soit le cas de figure, il n'y aura pas de grand remaniement, ne tiendra pas le coup face à la grogne des élus de droite. Et la bérézina électorale s'est déroulée à mi-parcours du mandat de Sarkozy. Ces régionales n'ont pas fait que consacrer la déroute de Sarkozy, elles ont redonné de la visibilité au parti d'extrême droite, le Front national (FN) de Jean-Marie Le Pen qui a pu se maintenir au second tour dans 12 régions. Un retour surprise pour les proches de Sarkozy qui découvrent brusquement que le lepénisme est indissoluble, et que pour les Français franchouillards, mieux valait frapper au portillon de l'extrême droite que de se contenter de sa copie version Hortefeux et Besson. Jean-Marie le Pen jubile. Il a retrouvé une capacité de nuisance contre Sarkozy en profitant des débats sur l'immigration. Annoncé comme vaincu, mort, enterré par le président de la République, le FN a démontré qu'il était toujours une force nationale, s'est réjoui Jean-Marie le Pen qui, à 81 ans, s'est offert un dernier sursaut en se présentant avec une affiche de campagne interdite par la justice qui représente une femme intégralement voilée à côté d'une carte de France recouverte du drapeau algérien sur laquelle se dressent des minarets en forme de missiles. Cette affiche portait l'inscription “non à l'islamisme”. Sarkozy avait laissé faire ! La stratégie de Sarkozy qui, depuis la campagne de 2007, consistait à aborder sans retenue les thématiques de la sécurité et de l'immigration, ne semble plus fonctionner auprès d'un électorat déçu par l'action du président face à la crise. Le FN a ajouté aux thématiques de Sarkozy sur l'immigration un discours anti-libre-échange de nature à concurrencer la gauche auprès des catégories populaires qui souffrent de la crise. Dans le nord de la France, vieille région industrielle, la fille de Jean-Marie le Pen, Marine, a fait plus de 18%.