De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Les résultats du second tour des élections régionales françaises de dimanche dernier ont confirmé et amplifié ceux du premier tour, c'est-à-dire une véritable déroute de la majorité présidentielle et un succès incontestable de la gauche unie. Déjà à la tête de vingt régions de la France métropolitaine, la gauche, regroupant le Parti socialiste, le Front de gauche (une alliance du Parti communiste avec le Parti de gauche) et les écologistes, a ajouté à son actif une nouvelle région, la Corse. En lot de consolation, la droite a pu garder une seule région, l'Alsace.Cette «déculottée», comme le titrent plusieurs quotidiens français dans leurs éditions du lundi, reçue par la majorité présidentielle, a été reconnue comme une défaite par le Premier ministre, François Fillon, et le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, alors qu'à l'issue du premier tour toute la droite faisait comme si rien ne s'était passé face à des vérités évidentes. La sévère défaite est d'autant plus probante que les huit ministres candidats en tête de liste ont été largement battus. En termes de voix, un Français sur deux ne s'est pas rendu aux urnes, la gauche totalise 54,30%, alors que la majorité présidentielle n'a obtenu que 36,10%. Le Front national a atteint les 8,7%. Mais pour les douze régions où il était présent à ce second tour, il dépasse les 17%. Ceux qui croyaient le parti de l'extrême droite marginalisé, voire agonisant, déchantent et sa «renaissance» interpelle les démocrates et suscite des inquiétudes. Le pouvoir, ébranlé dans ses certitudes, et toute la classe politique française sont déjà passés à l'après-élections régionales, chacun ayant en perspective la prochaine consultation électorale, la présidentielle de 2012. Pour la gauche, la défaite de la droite est synonyme d'un rejet de la politique du gouvernement et du président Sarkozy, une politique favorable aux riches avec des réformes injustes, anti-sociales et incapables de trouver des solutions à la crise. La première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a appelé le pouvoir «à changer profondément de politique», objet d'un «rejet».Il est certain que, du côté de la droite, il n'y a pas lieu de modifier fondamentalement la politique suivie depuis trois ans. C'est le message délivré par plusieurs intervenants au cours de la soirée électorale de dimanche tout en reconnaissant qu'il y a lieu d'écouter ce que voulaient exprimer les électeurs. Mais le message du 21 mars s'adressant avant tout au président de la République, c'est du palais de l'Elysée que viendront ou pas le véritable sens à donner au verdict électoral et les initiatives susceptibles de permettre à la droite de se ressaisir. Au cours de la journée d'hier, il a été surtout question d'un remaniement ministériel, qui pouvait intervenir dans la soirée, annoncé comme «modeste» et «technique» mais qui pourrait être révélateur de quelques «corrections» politiques. Mais le plus important, c'est ce qui arrivera ensuite pour répondre aux attentes des Français, préoccupés par, notamment, un chômage en constante augmentation, une précarité qui devient endémique et un pouvoir d'achat insuffisant. Comme le souligne le politologue Roland Cayrol «Sarkozy est dans une position très délicate».