Si les autorités refusent jusqu'à présent cette ouverture en arguant de l'irresponsa-bilité et de l'immaturité des professionnels algériens, il n'en reste pas moins que l'évolution du Net dans le monde bat en brèche cet argument et le rend irrecevable. On est toujours derrière la troisième personne du singulier. On relate l'événement, même celui qui nous touche de près, sans pouvoir y mettre une touche personnelle. C'est la loi de ce métier passionnant et complexe à la fois. Parce qu'on est contraint et forcé même d'atteindre une certaine objectivité, ce qui n'est pas toujours évident, que l'on évite de parler de soi. Et pourtant, derrière cette masse d'informations aussi plurielles que diversifiées, même si l'on n'est pas exempt de reproches, existent une profession et des professionnels qui tentent chaque jour que Dieu fait de proposer aux lecteurs un produit. Si la presse a, bien évidemment, existé depuis l'indépendance mais n'a pas évolué sous le règne du parti unique, elle a en revanche connu son essor avec l'ouverture démocratique de 1989. Elle en a payé un lourd tribut pour arracher sa place face à la mouvance islamiste qui était tout simplement le prolongement du diktat du parti unique. Aujourd'hui, vingt ans après la promulgation de la loi sur l'information, quel bilan peut-on tirer ? La corporation a-t-elle évolué ? Fait-elle du surplace ? S'est-elle constituée en véritable quatrième pouvoir ? Si, quantitativement, l'Algérie peut se targuer d'avoir quelque 82 quotidiens, ce qui est énorme, qualitativement les besoins d'une mise à niveau et de formation se font de plus en plus sentir. Ceci d'une part. D'autre part, l'épée de Damoclès qui demeure suspendue sur la corporation avec la pénalisation du délit de presse empêche le secteur de connaître une évolution sereine loin des situations conflictuelles. Alors que les organes censés gérer la presse écrite à l'exemple, du Conseil supérieur de l'information, n'existent plus depuis plus de 17 ans, ce qui rend la tâche encore plus ardue d'organiser la profession, l'urgence d'une ouverture de l'audiovisuel est de plus en plus pressante, surtout que des pays voisins l'ont entreprise ces dernières années et le dernier en date est la Mauritanie qui vient d'annoncer l'ouverture de son espace audiovisuel au privé, invitant les professionnels du secteur public à se préparer à la concurrence. Si les autorités refusent jusqu'à présent cette ouverture en arguant de l'irresponsabilité et de l'immaturité des professionnels algériens, il n'en reste pas moins que l'évolution du Net dans le monde bat en brèche cet argument et le rend irrecevable. Une information traitée en Algérie sous l'angle algérien passe mieux, et de loin lorsqu'elle est assumée officiellement, devant les médias étrangers. Ce n'est pas encore le cas maintenant puisque la télévision et la radio sont gérées comme des rubriques ministérielles. S. T.