À l'évidence, un personnage occulté dans l'histoire du Mouvement national. Ailleurs, le parcours de ce militant, dont toute la vie a été mêlée à l'action insurrectionnelle du PPA-MTLD, aurait fait l'objet d'une somptueuse et inextinguible reconnaissance. S'il est permis de paraphraser Benyoucef Benkhedda, qui le présentait souvent comme le deuxième personnage, après Messali Hadj, de la formation héritière de la praxis de l'Etoile nord-africaine, de nombreux dirigeants lui doivent, pourtant, leur formation politique. Né en 1917 à Skikda, Hocine Lahouel n'est pas venu à l'action militante par pur hasard. Deux événements d'une importance capitale ont contribué à aiguiser sa conscience nationale et à renforcer sa détermination à joindre sa voix au chant choral irrigué alors par les nationalistes révolutionnaires. D'abord, la guerre du Rif marocain, conduite par Abdelkrim Khettabi (1923-1926), contre la coalition franco-espagnole et, ensuite, on s'en doute, la célébration, dans un faste particulièrement offensant et réducteur, des fêtes du Centenaire de l'occupation française de l'Algérie. Sans pour autant oublier le rôle déterminant joué dans la conscientisation de cet adolescent par le journal El Ouma, paraissant à Paris, où il trouve toutes les idées et les sentiments qui, tel un sentier lumineux, guideront ses pas vers le nationalisme révolutionnaire. Ce n'est donc pas sans raison d'ailleurs qu'il prendra à sa charge la diffusion et la propagation de l'argumentaire de l'organe de l'ENA. Elève au Lycée de Skikda, il fut convoqué, en raison de ses idées subversives, par le commissaire de cette ville, appelée alors Philippeville. Il avait à peine 13 ans lorsque sa famille dut, la mort dans l'âme, rejoindre la capitale où elle s'installera définitivement, permettant à l'adolescent de donner des bases structurelles à sa détermination au contact, à La Casbah d'Alger, de Hadj Smaïn, Ahmed Mezrana, Brahim Gherafa, Mohamed Mestoul, Khalifa Ben Amar et Hocine Mokri. Ce qui lui permit une fulgurante ascension, d'être choisi, à la suite de directives et orientations concernant l'implantation de l'ENA dans la capitale, comme coordinateur de 14 sections totalisant environ 2 000 adhérents. Il assiste au meeting historique du 2 août 1936 organisé par le Congrès musulman algérien au stade municipal d'Alger (20-Août-1956). Devant une foule nombreuse, et pour la première fois en Algérie, Messali Hadj prend la parole pour revendiquer publiquement l'indépendance de l'Algérie face aux partisans de l'assimilation. Le 1er Mai 1937, Fête du travail, il est au premier rang du cortège du PPA qui défile de la Place du 1er-Mai (ex-Champ-de-manœuvres) à la place des Martyrs (ex-place du Gouvernement), nous apprend Benyoucef Benkhedda. Le 2 août 1937, il est arrêté, nous apprend l'ancien président du GPRA, en même temps que Messali Hadj, Brahim Gherafa, Moufdi Zakaria, Khalifa Ben Amar. “Ils sont incarcérés à la prison de Serkadji et condamnés par le tribunal d'Alger pour avoir réclamé l'indépendance de l'Algérie, en vertu du décret Régnier (atteinte à la souveraineté française, l'Algérie étant considérée trois départements français, à l'image de la Corse ou de la Bretagne, et les partisans de l'indépendance des “séparatistes”). Ils sont transférés à la prison centrale d'El-Harrach (ex-Maison-Carrée).” Là, souligne la même source, ils entreprennent une grève de la faim – la première du genre en Algérie – pour protester contre le régime de droit commun qui leur est imposé. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est à El-Harrach que la direction du PPA, établie à Paris, siègera désormais sous la présidence du père du nationalisme révolutionnaire algérien, assisté de Hocine Lahouel. A. M. [email protected]