Longtemps efficace mais stéréotypé, le jeu de l'Inter a gagné en vitesse, en fluidité et, surtout, beaucoup d'ingéniosité, avec l'arrivée du meneur de jeu néerlandais Wesley Sneijder, clé de voûte des succès récents en Ligue des champions. C'est très simple : sans Sneijder, pas de victoires face à Chelsea (2-1, 0-1) en huitième, puis contre le CSKA Moscou en quart de finale (1-0, 0-1). Sur les cinq buts, le n°10 a délivré trois passes décisives et marqué une fois sur coup franc. C'est dire s'il sera encore indispensable face au FC Barcelone, champion d'Europe et favori n°1 à sa succession, mardi à Milan en demi-finale aller. Arrivé à Milan en provenance du Real Madrid pour 15 millions d'euros à la toute fin du mois d'août, le natif d'Utrecht – comme Marco van Basten – n'a guère tardé à devenir un cadre. À peine quelques jours après son arrivée, et ce, avec un seul entraînement dans les jambes, il avait ainsi été l'un des grands artisans du large succès dans le derby face à l'AC Milan (0-4) en septembre. Formé à l'école de l'Ajax (2002-2007) où il a appris à jouer toujours vers l'avant, l'international “Oranje” au gabarit modeste (1,70 m, soit 1 cm de plus que la star catalane Lionel Messi), 25 ans, a apporté le surcroît de technique, de coup d'œil et de vitesse qui manquait au milieu Nerazzurro. Faute d'un vrai meneur de jeu comme lui ces dernières saisons, l'Inter était trop dépendante du rendement de l'attaquant Zlatan Ibrahimovic (aujourd'hui au Barça). Aujourd'hui, grâce à son excellente vision du jeu, sa précision et ses accélérations, il est le principal fournisseur de “munitions” des deux attaquants vedettes Milito et Eto'o qui, tout naturellement, lui doivent une bonne part de leur réussite actuelle. “Sneijder a été fondamental, soulignait ainsi Eto'o après le succès contre Chelsea (0-1) à Stamford Bridge. Il m'a servi deux fois devant le gardien : la première fois, je n'ai pas réussi à marquer mais, la deuxième, je ne pouvais vraiment pas me louper.” Comme tout bon n°10, il est également un excellent tireur de coups de pied arrêtés : sur ses sept buts (en 34 matches) depuis la début de la saison, il en a marqué cinq sur coup franc. “Comment le Real a-t-il pu laisser partir un tel joueur ?” s'interrogeait il y a quelques jours l'ex-attaquant Paolo Rossi, Ballon d'or en 1982. Pour le plus grand bonheur de l'Inter, Sneijder a été une des principales victimes de la politique des “néo-Galactiques”. Avec sa calvitie naissante et son très fort caractère, il est sans doute moins glamour que Cristiano Ronaldo ou Kaka, mais il n'avait pourtant pas démérité pendant ces deux saisons à Madrid (2007-2009). “L'Inter est “Sneijder-dépendante”, parce que c'est un joueur qui a un profil unique dans notre effectif. Sans lui, ce n'est forcément pas la même chose. Je ne réussis pas à comprendre comment le Real a-t-il pu le lâcher”, assurait de son côté Jose Mourinho en décembre, tandis que le président de l'Inter Massimo Moratti louait “la vivacité infinie” apportée par le joueur.