La première voiture algérienne tarde à voir le jour. Les lourds investissements qu'exige cette industrie ne traduiraient pas systématiquement une plus-value aux yeux des professionnels du secteur. Le cercle vicieux s'installe avec un pincement dans l'engrenage législatif et financier. Dix ans après l'ouverture de l'investissement, la première voiture “made in Algeria” lambine et demeure à l'état embryonnaire. Et pour cause, deux discours, issus de deux philosophies économistes antagonistes, se confrontent pour donner lieu à un véritable cercle vicieux. Ainsi, si les uns plaident pour une industrie lourde avec un taux d'intégration de 100%, c'est-à-dire développer une réelle dynamique de fabrique de l'automobile, les autres, en revanche, restent sceptiques, à l'image des concessionnaires qui estiment que le montage automobile n'apporterait rien à l'économie du pays, donc pas de plus-value, en amont, et de valeur ajoutée en aval. Dimanche soir, lors d'une émission radiophonique de Radio-El-Bahdja, retransmise en direct à partir du showroom de Volkswagen, aux Grand-Vents d'Alger, le président de l'Association algérienne des concessionnaires de l'automobile (AC2A), M. Baïri, a plaidé pour la seconde thèse. Pour lui, l'Algérie devra d'abord se préparer sur le plan logistique avant de s'engager dans cette aventure. Autrement dit, il faudra convaincre les grands équipementiers à venir s'installer dans notre pays et développer un tissu de la petite et moyenne industrie (PMI), mais surtout un tissu spécifique à la pièce de rechange d'origine, pour ainsi assainir une base solide de ce secteur. Classée deuxième après celui de l'Afrique du Sud, l'Algérie demeure un marché potentiel de la voiture avec un chiffre approximatif de 150 à 200 000 véhicules annuellement importés. Ce qui fera dire au vice-président de l'AC2A, Mourad Oulmi que le retard accusé dans l'importation de véhicules neufs a connu un essor extraordinaire, voire inattendu du fait que même après la promulgation de la loi de finances complémentaire 2009 qui a définitivement supprimé le crédit à la consommation, l'importation de voitures neuves se stabilise aux environs de 35 à 40 000 unités/trimestre. La demande étant croissante, ce marché connaîtra une stabilité relative en 2010, même si certains concessionnaires ont laissé des plumes durant le premier trimestre précédent. En ce sens, le représentant de la Banque mondiale (BM), invité à prendre la parole, a estimé que l'Algérie traverse une période de “passivité” en matière d'investissements dans l'industrie de l'automobile. “Désormais, l'Algérie devra passer de l'attitude passive à l'attitude offensive pour pouvoir parler, dix ans après l'ouverture de l'investissement, de l'industrie automobile. Et il est temps de le faire puisque nous sommes classés en seconde position à l'échelle africaine”, a-t-il déclaré. Etayant son argumentaire chiffré, il dira que cette industrie potentielle de 15 000 véhicules/an nécessitera un investissement de 80 à 100 millions de dollars. Et nous voilà encore dans un autre cercle vicieux puisque les législations se suivent et ne se ressemblent pas quand on sait que ce secteur a traversé un zone de turbulences, du jamais-vu, durant l'année 2009, avec la mise en vigueur de taxes supplémentaires, de vignettes pour les véhicules neufs désormais obligatoires, même si la carte grise n'est pas encore établie, sans compter la délocalisation de l'activité portuaire d'Alger vers Djendjen et Mostaganem. Lors de cette soirée radiophonique consacrée au 3e anniversaire de l'émission “Aïn Âla El Sayarat” (un œil sur l'automobile), animée par notre consœur Zola et en présence de Farid Toualbi, DG de Radio-El-Bahdja, les intervenants se sont également étalés sur les dispositions du nouveau code de la route et le rôle des médias dans la sensibilisation contre les accidents de la route.