Lorsqu'on porte l'un des patronymes les plus célèbres dans le monde des arts, on est soit trop bon, soit trop mauvais. Le pianiste, Elie Maâlouf fait partie de la première catégorie : il est très bon ! Il joue divinement du piano, et avec sa formation, Elie Maâlouf Quintet, il parcourt le monde et présente ses compositions aux riches sonorités, où coexistent dans la paix et l'harmonie les sons profonds et charmeurs de l'Orient, et les airs contemporains de l'Occident. Elie Maâlouf a un réel don, ce qui lui permet de se distinguer. Invité par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), qui a entamé, il y a quelques semaines, avec la chanteuse tunisienne, Abir Nasraoui, son cycle “Nouvelles musiques d'Orient”, Elie Maâlouf a dispensé, mercredi dernier à la salle Ibn Zeydoun, un concert magistral, parce qu'il est un musicien d'exception. Son talent se devine à sa formidable manière de jouer du piano, tout en retenue, à sa sobriété, et à ses compositions méditatives et enchanteresses à la fois. Ses morceaux, à l'exemple de Hazar, Rachaya ou Meqwanine, ont ébloui l'assistance, très nombreuse, par leur profondeur et leur justesse. Mais ce qui rend la démarche musicale d'Elie Maâlouf, encore plus intéressante, c'est le large champ d'improvisation, qui a permis, entre autres, à la saxophoniste de briller, durant le concert. Dans chaque morceau, il y a un air qui est joué continuellement, jusqu'à l'essoufflement, jusqu'à l'épuisement. Et il y a aussi les solos de piano et de saxophone, charmants et troublants. La musique est comme une offrande pour Elie Maâlouf Quintet ; et les musiciens semblaient demander aux spectateurs de ressentir cette mélodie. Avant de terminer la soirée avec la station tant attendue des solos, Elie Maâlouf a invité le talentueux joueur de bouzouki, Aïssa Hassan, sur scène. Après une magnifique intro, cet artiste a repris à sa manière, et de la plus belle des manières, la chanson Ya Dzaïr zinet khtef aâqli d'Ahmed Wahbi. En somme, le concert d'Elie Maâlouf fait partie de ces soirées qui comptent. Il a offert au public des fragments d'éternité tout en répandant partout dans la salle, les senteurs parfumées de l'Orient. Un Orient si compliqué et si simple à la fois.