Les politiques agricoles au Maghreb ont subi ces dernières années des réformes importantes, souvent en approfondissement des politiques d'ajustement structurel mises en place dans la décennie 1980. Ces mutations se sont traduites par un désengagement de l'Etat, une libéralisation programmée des échanges et une diminution des soutiens internes. C'est ce que conclut une analyse du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) réalisée, il y a quatre ans, sur l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Les trois pays du Maghreb présentent des caractéristiques agricoles contrastées mais semblent aujourd'hui se retrouver sur le terrain des défis à relever. Pour l'agriculture maghrébine, le premier grand enjeu concerne la sécurité alimentaire. Ce point a été largement débattu au cours d'un séminaire organisé, hier, par la confédération des cadres de la finance et de la comptabilité en partenariat avec l'association maghrébine pour la promotion des relations économiques et financières (Maghreb+). Pour M. Noureddine Bahbouh, ancien ministre de l'agriculture, il ne faut surtout pas confondre sécurité alimentaire et autosuffisance. Car, explique-t-il, aucun pays au monde ne peut assurer une autosuffisance. Il préfère parler de production agricole performante et non performante. Selon l'ancien ministre, il est nécessaire de procéder à une évaluation des potentialités existantes au Maghreb et améliorer les productions notamment pour les produits stratégiques tels que les huiles, le lait, les céréales et les dattes. Les pays maghrébins doivent maintenir leurs subventions et leur soutien au secteur agricole et ne pas céder, précise-t-il, aux pressions extérieures. Noureddine Bahbouh estime que les pays du Maghreb doivent se préparer pour l'exportation afin de profiter des avantages comparatifs. Car, précise-t-il, durant une saison, certains produits sont absents des étals en Europe par exemple, alors que leur production a atteint un plein régime au Maghreb. L'ancien ministre propose également l'introduction dans les codes d'investissement des trois pays respectifs, un article encourageant les relations maghrébines de sorte à ce que le soutien aux IDE touche aussi les investisseurs de la région. La coopération, voire la complémentarité maghrébine peut, suggère-t-il, commencer par les zones frontalières. Il faut noter que la résolution du problème de l'insécurité alimentaire a constitué pour les états du Maghreb une composante principale des politiques de développement. L'objectif était d'assurer un volume suffisant d'aliments pour une population croissante et de garantir des prix accessibles au plus grand nombre. L'examen de la sécurité alimentaire sous l'angle des disponibilités alimentaires par habitant révèle que des progrès incontestables ont été réalisés depuis l'indépendance. Pour sa part, M. Ahmed Belhamed, ancien directeur de cabinet au ministère de l'agriculture marocain, avoue que la “souveraineté alimentaire” passe par la mise en valeur des potentialités existantes et non pas par les prix du marché qui ne reflètent pas la réalité du terrain. Cet économiste appelle à la concrétisation d'un partenariat entre les pays maghrébins pour les produits alimentaires stratégiques tels que les céréales, le lait, les viandes…