Henkel, l'entreprise allemande spécialisée dans la fabrication de détergents et produits d'entretien en Algérie notamment le fameux Isis, a été victime de la contrefaçon de ses produits phares, comme Naddaf, Isis liquide vaisselle et en poudre. Le même cas pour l'Enad, l'entreprise nationale spécialisée aussi dans la fabrication de détergents, notamment pour le produit le plus utilisé, à savoir l'eau de Javel. Face à cette situation, le responsable de cette entreprise a décidé de déposer une plainte auprès des services de la police. Ces produits seraient tellement bien imités qu'il serait pratiquement impossible pour des commerçants spécialisés dans la vente en gros de détergents de faire la différence. Pour remonter la filière, plusieurs commerçants ont été interrogés par les éléments de la section de lutte contre la contrefaçon de la Police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger qui ont pu, après trois mois d'investigations, localiser “le fournisseur” de ces produits au niveau national. Selon des informations en notre possession, les enquêteurs ont réussi à localiser un “laboratoire” de production des détergents contrefaits à Bordj El-Kiffan, à l'est d'Alger, situé dans une villa de deux étages dont le rez-de-chaussée était aménagé en une petite usine. Les livreurs choisissaient des heures creuses pour transporter la marchandise avant d'être interceptés en flagrant délit par les éléments de la section de lutte contre la contrefaçon. La perquisition avait permis la saisie dans un premier lieu d'un matériel de découpage, d'un millier de bouteilles et de cartons de produits contrefaits et des produits chimiques de toutes sortes. Il s'agit, entre autres, de près de 2 730 étuis de Javel, 453 cartons Enad, 650 cartons Isis, 800 bouteilles vides en plastique avec des étiquettes prêtes à être remplies de détergents, des jerricans de produits chimiques liquides et des quantités importantes d'acide, d'épices et de colorants. Notre source précise que les mis en cause utilisaient de l'arôme de gâteaux pour les senteurs des détergents (fraise, vanille, citron), mais ils utilisaient aussi une astuce pour tromper les consommateurs en mettant une étiquette Usus au lieu de Isis, mais avec le même emballage authentique Naddif au lieu de Naddaf. Des échantillons ont été analysés par le laboratoire scientifique de la police et l'expertise a précisé qu'il s'agissait d'un produit non conforme. Cela dit, toute composition non conforme aux normes provoque des émissions inquiétantes qui restent dans l'air après le nettoyage pendant plusieurs heures. Henkel, la marque allemande de Isis, avisée par les enquêteurs dans cette affaire, a affirmé que durant près de deux ans, ses marques en Algérie souffraient de cette contrefaçon. D'après des industriels, le gros problème n'est pas la perte d'une marge importante du chiffre d'affaires, mais de “la menace et la dégradation de leur notoriété auprès d'une clientèle fidèle qui a cru au sérieux de marques historiques devenues des références”. Le propriétaire de l'usine clandestine et de la villa a été arrêté avec 5 autres personnes pour défaut de registre du commerce, contrefaçon. Le dossier a été transféré devant le tribunal El-Harrach.