Sur un grand nombre de pièces théâtrales, environ 321 pièces que nous avons pu recenser et qui ont été jouées, de la fin des années 1970 jusqu'à nos jours, par les différentes troupes théâtrales amateurs et professionnelles du TRB au niveau de la wilaya de Batna, plus de 300 pièces théâtrales, représentant, à peu près, un taux de 93%, ont un caractère de divertissement, bien qu'un léger revirement ait été amorcé ces dernières années, pour se défaire du caractère de divertissement et prendre un caractère d'instruction. À la question de savoir pourquoi ce penchant des Batnéens pour les pièces légères, comiques, de raillerie et de divertissement, les réponses recueillies divergent, mais l'une d'elles a attiré notre attention. “La comédie remonte à l'arrivée des Romains et à l'avènement de la construction du théâtre permanent comme Timgad où se donnaient, autrefois, l'atellane (farce populaire), le mime, la pantomime et la fabula togata. Ces pièces qui auraient pu être transmises oralement par les populations des Aurès”, estime une des personnes questionnées. Mais faute d'écrits, de mémoire vivante et d'études sur l'histoire et l'évolution du théâtre dans les Aurès, il est difficile de se prononcer d'une manière définitive sur le sujet. En revanche, des écrits prouvant que le théâtre existait à Batna, pendant l'ère de la colonisation française, des années 1950 jusqu'à la proclamation de l'indépendance, attestent que le théâtre à caractère de divertissement était bien ancré et en nombre. On jouait surtout des sketchs. Du côté des colons, la troupe la plus active était les Compagnons de la scène, qui, à l'époque, avaient joué plusieurs pièces du théâtre de boulevard, à l'exemple du Menteur, la Place royale, les Plaideurs, la Barque sans pêcheur. Cette dernière est un drame de Casanova Alejondro, interprétée par la troupe les Compagnons de la scène, et dont la générale a été donnée le 13 juin 1959. Du côté des Algériens, il n'y avait pas un théâtre proprement dit, mais tout simplement des sketchs, lesquels étaient donnés généralement en représentation après le couvre-feu. “Comme nous ne pouvions pas rentrer, parce qu'il y avait à l'époque le couvre-feu, on passait la nuit au café ‘Nadi' à jouer de la musique : flûte, zorna, bendir, et parfois pour nous détendre, nous improvisions des sketchs qui avaient pour dessein de faire rire et parfois de faire passer certains messages du FLN à nos frères”, nous ont affirmé des mémoires vivantes dont nous avons sollicité le témoignage. Quarante-huit ans passés, cette forme théâtrale à caractère divertissant continue à représenter un grand pourcentage du théâtre à Batna.