La Caisse nationale est structurellement déficitaire. Poursuivant le cycle de conférences prévu dans son programme d'action annuel, la Chambre de commerce et d'industrie algéro-suisse, en collaboration avec University of finance de Genève et Network Telecom & Security solution, a organisé, hier à l'hôtel Sofitel d'Alger, une journée technique consacrée à la retraite par capitalisation. Le sujet est d'autant important que le système, par répartition, en vigueur en Algérie connaît, ces dernières années, des problèmes de financement. Le représentant de la Caisse nationale de retraite, lui-même, le reconnaît. “La Caisse est structurellement déficitaire”, affirme-t-il. C'est que, selon lui, les pensionnés ont augmenté, alors que la population active a fortement régressé. Si, avant la crise, huit travailleurs cotisaient pour un retraité, aujourd'hui, ils ne sont que trois pour un pensionné. Mais, selon le représentant de la Caisse nationale de retraite, ce n'est pas la seule raison qui a provoqué le déséquilibre de la Caisse. Il y a cette décision prise par les pouvoirs publics d'autoriser les départs en retraite anticipée. 600 000 travailleurs ont bénéficié de ce dispositif qui a coûté à la Caisse 50 milliards de dinars entre 1997 et 2001. “On les a laissés partir en retraite avant l'âge légal”, lance-t-il. D'autres intervenants ont avancé aussi le problème du travail en noir. En tout état de cause, le constat est le même, le système de retraite en vigueur en Algérie est en crise. Pis, sa pérennité est menacée, au cas où, à court terme, l'Algérie ne renoue pas avec la croissance forte et durable. “S'il n'y a pas de croissance dans quelques années, la Caisse de retraite connaîtra d'énormes difficultés”, affirme le responsable de la CNR. La solution serait-elle dans le système par capitalisation ? Jean François André de la Banque Pictet et Olivier Ferrari du cabinet Coninco, experts en assurances, ont souligné, dans leur communication, les avantages de ce modèle de retraite. Pour Jean François André, le système par capitalisation responsabilise les acteurs économiques. Il est peu sensible à l'évolution de la pyramide des âges. L'expert en assurances de la banque Pictet (Genève, Suisse) affirme que l'impact sur l'économie et sur les marchés financiers de la retraite par capitalisation “est positif”. Jean François André avance un certain nombre de conditions pour capitaliser. Il cite la nécessité d'un marché financier pour investir, une économie pour financer et des professionnels pour gérer. Sans ces préalables, le système par capitalisation n'a aucune chance de réussir. Ce modèle peut-il s'appliquer en Algérie ? La question n'a pas encore été abordée, du moins ouvertement, par les pouvoirs publics. C'est que les résistances de la part des travailleurs sont très fortes. Pour eux, il n'est pas question de remettre en cause le système de répartition basé sur la solidarité. Mais le problème reste posé, si la croissance n'est pas au rendez-vous. Y aurait-il des personnes qui cotiseraient encore pour les retraites des travailleurs d'aujourd'hui ? La question mérite d'être posée. Certains, comme Olivier Ferrari, proposent de combiner la répartition et la capitalisation. Et sur ce plan, l'Algérie pourrait s'inspirer de l'expérience suisse. M. R.