Une projection pour la presse a été organisée, hier matin à la salle El-Mouggar, et l'avant-première devait avoir lieu dans la soirée. Essaha est un film musical pour les jeunes, fait par des jeunes attachants et pétris de talents. Si le succès d'une comédie musicale dépend de la musique proposée, alors Essaha, un film musical de deux heures, de Dahmane Ouzid, est une réussite totale. Mais il serait quand même injuste, surtout pour les jeunes et talentueux comédiens qui ont campé des rôles principaux, de réduire ce film à sa musique. Même si Essaha n'est pas réussi sur tous les plans, l'équipe qui a travaillé sur ce film a le mérite d'avoir été la première à proposer ce genre en Algérie. Dans Essaha, il est question de divertissement, d'humour, de légèreté, mais le film comporte un réel propos qui est de montrer avec exactitude et sans moralisme aucun la réalité sociale algérienne. Le côté kitch, voire has been des comédies musicales n'est pas pour nous déplaire, au contraire, il sert à maintenir l'espoir et à nous rapprocher (en tant que spectateur) d'une jeunesse qu'on connaît, manifestement, très mal. Car il est très difficile d'installer un dialogue serein et équitable entre une jeunesse très influencée par la culture de l'autre et qui aspire à beaucoup trop de choses et une ancienne génération qui, la plupart du temps, méprise les jeunes et creuse ainsi le fossé. Dans Essaha, on se rapproche des jeunes et on comprend mieux leurs attentes. Apparemment, ils ne souhaitent qu'établir le dialogue et peuvent se contenter de si peu de choses. Essaha, c'est l'histoire d'une place qui devient une source de problèmes (désordre, vols, manque d'hygiène…) pour les habitants d'une cité neuve. Les habitants souhaitent aménager l'espace mais pour le transformer en quoi ? Terrain de foot, centre commercial, espace vert, aire de jeux… Les propositions foisonnent, mais les habitants de la cité n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente. Ils laissent donc la situation en stand-by. Ainsi, le terrain attire la convoitise de quelques affairistes véreux qui projettent de s'en emparer. Pendant ce temps, un groupe de jeunes — Kawazaki Chenoui (Amine Boumedine), Hchicha (Habib Aïchouch), Boualem (Omar Remichi), Moha (Zoubir Yahiaoui), Menad (Amokrane Saâdedine), Afaf (Ghazel Laloui), Sarah (Nadia Kadri), Zahou (Imene Meddour), Kenza (Manel Addoune), Naïma (Meriem Adjal) et Yacine (Karim Zenimi) qui rêve de monter une comédie musicale — rêve et aspire. Leurs aspirations dans la vie sont différentes, entre visas, amour et argent, mais tous veulent une vie meilleure. Articulé telle une série télévisée, et c'est là le bémol de Essaha, le film traite de plusieurs sujets à la fois : drogue, sponsoring, phénomène des harragas, démocratie, relations humaines. Même si tous ces thèmes peuvent être présents dans une seule fiction, le découpage faisait penser à une série. Puisque, à chaque trame, il y avait un dénouement. Toutefois, les chorégraphies et les chansons révèlent au spectateur le gros potentiel humain dont dispose l'Algérie. Les comédiens sont jeunes, ils sont pétris de talents et ne demandent qu'une chance pour l'exprimer. Les chansons et les musiques, signées Salim Aïssa, Aminoss, Youcef Boukella et Cheikh Sidi Bémol, ont réellement rehaussé cette fiction légère et digeste (sans aucune péjoration !). Dans Essaha, il y a même une parodie décapante de Bollywood. Le scénario de Salim Aïssa est intéressant car il s'inspire de la tradition tout en prenant en charge la problématique de la jeunesse en Algérie. Ce qui ressort du film, en tout cas, est que nos jeunes ne sont pas assez écoutés et encore moins valorisés. Les dialogues sont inspirés de la réalité et donc ils sont largement crédibles. Même si Amine Boumediène alias Kawazaki a volé la vedette à ses camarades, ces derniers n'ont pas du tout démérité. Par ailleurs, signalons que Essaha, produit par l'ENTV, le ministère de la Culture (Fdatic) et Machahou, a été également monté en série de 18 épisodes. Le produit final a été livré à l'ENTV et attend d'être diffusé. Projection de Essaha, aujourd'hui à 18h à la salle El-Mouggar