Il s'agit d'une première dans les wilayas de l'est du pays au regard du nombre d'accusés : 40 individus ont été présentés dimanche passé devant le magistrat instructeur près le tribunal de Tébessa pour des inculpations liées au crime économique. L'instruction judiciaire a duré plus de 3 jours. Les présumés accusés sont impliqués dans un réseau de fraude et de spéculation sur le ciment, qui activait à l'est du pays. C'est à la suite de la crise du ciment survenue à l'Est, il y a environ six mois, que la section de recherches de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tébessa a ouvert une enquête ciblant plusieurs wilayas où sont implantées des unités relevant de la cimenterie de l'Est. L'enquête en question a permis à la gendarmerie de remonter les fils d'un réseau de spéculateurs, composé de responsables et cadres qui procuraient des faux registres du commerce aux entrepreneurs pour bénéficier de quotas de ciment pour des chantiers fictifs et ainsi le ciment est détourné à leur profit pour le marché parallèle. Le réseau est composé de haut cadres dont un chef de service à la Direction de l'urbanisme de la wilaya d'Oum El-Bouaghi, le subdivisionnaire de l'urbanisme de la daïra de Aïn Kercha (Oum El-Bouaghi), le directeur de l'agence foncière de la daïra de Chréa à Tébessa, un responsable à l'Agence nationale des autoroutes de la wilaya de Mila et le chef du service de comptabilité à l'APC de Hanchir-Toumghani (Oum El-Bouaghi). Les investigations ont fait ressortir l'implication de 12 entrepreneurs. Les enquêteurs ont saisi dans cette affaire une quantité de 20 tonnes de ciment destinées au marché noir et ont découvert, lors des perquisitions des domiciles des mis en cause, un important lot de documents falsifiés, soit 15 faux dossiers saisis. Le magistrat instructeur a décidé ainsi d'écrouer trois des mis en cause dont deux entrepreneurs et un commerçant, quatre autres (deux entrepreneurs et deux commerçants) placés sous contrôle judiciaire, et les trente-trois autres restants remises en liberté provisoire en attendant un complément d'enquête. Ils sont poursuivis pour contrefaçon de sceaux de l'Etat, faux et usage de faux (documents administratifs), escroquerie, spéculation illicite de ciment et abus d'autorité. Dix-sept autres personnes suspectées dans cette affaire, dont le directeur de l'administration locale de la wilaya de Tébessa, font l'objet d'un mandat d'amener pour leur refus de répondre à des convocations de justice. Ils sont activement recherchés par les services de sécurité. Cette affaire constitue le plus grand scandale financier de ces dernières années, traité par les services du groupement de la Gendarmerie nationale de Tébessa qui ont enquêté six mois durant pour dénouer l'écheveau de la mafia du ciment, ce produit objet de toutes les convoitises, et les spéculations dont les barons du ciment tirent les ficelles et font grimper le prix du sac de 350 à 750 dinars sur le marché noir. Déjà, les gendarmes de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj ont démantelé un réseau similaire composé de 23 personnes, dont des cadres égyptiens et responsables dans des cimenteries à M'sila, impliquées dans ce trafic juteux. Pour rappel, les services de la GN ont ouvert depuis quelques mois une vaste enquête sur le trafic du ciment à l'échelle nationale.