Chaque année, lors de la Journée mondiale de l'alphabétisation, le 8 septembre, l'Association algérienne d'alphabétisation, Iqraa, dresse le bilan de ses activités en rappelant par la même occasion le taux d'analphabètes dans notre pays qui reste relativement élevé, et ce, malgré les efforts de l'Etat et ceux de la société civile. D'après les statistiques de l'ONS de 2008, ils sont 6 400 000 citoyens analphabètes dans notre pays, soit 22,1%. Les femmes représentent 29,9%, les hommes 15,5%. Il est vrai qu'alphabétiser toute une population reste un défi majeur à relever. Cette occasion nous permet aussi de rappeler que 759 millions d'adultes dans le monde sont analphabètes et 72 millions d'enfants ne sont pas scolarisés. Cette année, l'Unesco a retenu comme thème “Le pouvoir de l'alphabétisation des femmes”. La directrice de cette agence onusienne le rappelle fortement dans sa lettre adressée à la communauté internationale : “L'apprentissage de la lecture et de l'écriture donne aux femmes de l'assurance pour faire des choix décisifs… L'investissement dans l'alphabétisation des femmes a une influence bénéfique sur la santé maternelle et infantile et favorise l'accès des filles à l'éducation, il a des répercutions positives sur l'ensemble des indicateurs de développement”. En effet, l'alphabétisation change totalement la vie des gens, il y a qu'à voir les témoignages de nos apprenantes qui parlent de nouvelle naissance, de sortie des ténèbres de l'ignorance, d'autonomie, etc. L'Algérie, qui s'est inscrite dans les objectifs du Millénaire (OMD) et de la Décennie des Nations unies pour l'alphabétisation, a affiché sa détermination à éradiquer l'analphabétisme dans notre pays, et nous saluons la volonté politique du président de la République qui pour ce faire a adopté toute une stratégie en 2007 en lui octroyant un financement conséquent. Cette stratégie qui s'appuie sur le partenariat et l'ensemble des parties prenantes n'à toujours pas trouver sa vitesse le croisière, et pour cause l'institution en charge de ce dossier n'a toujours pas finalisé les textes de cette stratégie, qui impérativement dynamiseront l'opération, dans le cadre de l'orientation, du contrôle et de l'évaluation, elle s'est encrassée dans une bureaucratie insoutenable. Il est incompréhensible que les enseignants ne soient pas rémunérés régulièrement. Ils doivent attendre toute une année voire deux pour voir leur situation se débloque. Iqraa dont l'expérience n'est plus à démontrer appelle les pouvoirs publics à procéder à l'évaluation de ce programme à revoir le fonctionnement de cette stratégie, revoir les outils pédagogiques, les horaires d'enseignement, les lieux d'apprentissage, à décentraliser la procédure financière, à revoir la formation des enseignants, à inscrire l'éducation des adultes à l'université etc. Il est à rappeler qu'Iqraa ne bénéficie d'aucun budget dans le cadre de cette opération et peine à répondre à ses besoins de fonctionnement. En alphabétisant chaque année plus de 140 000 citoyens, Iqraa est en droit de demander d'être subventionnée par les pouvoirs publics, qui doivent nécessairement la reconnaître, comme association d'utilité publique. Je rappelle que depuis la création de l'association Iqraa, nous avons contribué à alphabétiser 858 561 citoyens dont 729 269 femmes et 129 292 hommes y compris dans les pénitenciers. Le programme alphabétisation, formation et intégration des femmes (Afif) initié par Iqraa dès 1995 est aujourd'hui généralisé par le ministère de la Formation professionnelle. Grâce au mécanisme “l'alphabétisation qualifiante”, je pense que nous avons des chances de réussir le pari de diviser par 2 le taux actuel d'analphabétisme et d'être au rendez-vous mondial de 2015. Ce mécanisme répond véritablement aux attentes de nos citoyennes, surtout dans les zones rurales où l'analphabétisme des femmes est le plus répandu. Iqraa a formé dans le cadre de ce programme plus de 23 000 femmes, dans différentes disciplines (couture, tissage broderie, coiffure, peinture sur soie, initiation à l'informatique). Pour combattre les abandons des cours d'alphabétisations par les apprenantes, Iqraa a ouvert deux garderies d'enfants comme mesure d'accompagnement dans 2 centres d'alphabétisation de proximité dans le Sud. Iqraa appelle les chefs d'entreprise, publiques et privées à contribuer à cette opération de lutte contre l'analphabétisme, en organisant des cours au profit de leurs employés analphabètes. Aïcha Barki Présidente de l'association Iqraa