Hizia est issue d'une une famille de nomades, les Bouakkaz, une puissante tribu des Dhouaouda qui sillonnait la région de Sidi Khaled et Ouled Djellal (Biskra). Née vers 1852, Hizia était tellement belle qu'elle avait complètement tourné la tête à son cousin Saïyed. Leur idylle avait commencé un jour où Hizia avait donné à boire à son cher cousin. Foudroyé par son charme, il en tomba éperdument amoureux. C'est sur le trajet du retour à Ouled Djellal, lors de l'une des pérégrinations avec sa tribu, que Hizia sentit une forte fièvre l'envahir. Elle avait à peine 23 ans. Sentant sa fin proche, elle demanda à Saïyed, accouru à son chevet, de lui donner à boire. “L'eau qui nous a réunis la première fois va nous séparer à jamais”, lui murmura-t-elle, quelques minutes avant de plonger dans un sommeil éternel. Hizia fut enterrée à Sidi Khaled (à une centaine de kilomètres de Biskra). Fou de douleur, Saïyed passait ses jours à errer comme une âme en peine, criant, à qui voulait l'entendre, son chagrin d'avoir perdu l'amour de sa vie. On lui conseilla d'aller voir le poète Rabah Benguitoun, à Sidi Khaled. Lui seul saura traduire par les mots la profondeur du chagrin qui ravageait le cœur de l'amoureux transi. Dernier rempart contre la folie. C'est ainsi que l'un des plus beaux poèmes d'amour issu de la tradition orale populaire verra le jour : “Amis, consolez-moi, je viens de perdre la reine des belles. Elle repose sous terre. Un feu ardent brûle en moi. Ma souffrance est extrême. Mon cœur s'en est allé, avec la svelte Hizia.” Nadia Arezki [email protected]