Ce qui était évident, à savoir l'enlèvement des ressortissants français au Niger par Al-Qaïda au Maghreb islamique, est maintenant confirmé avec la revendication officielle d'Aqmi, laquelle met la France en émoi, comme en témoignent cette hausse du niveau d'alerte dans l'Hexagone et la sollicitation des Etats-Unis pour une assistance technique afin de retrouver les otages. L'Etat français était mobilisé hier pour obtenir “dans les meilleurs délais” la libération des otages d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, enlevés au Niger et retenus au Mali, même si aucune intervention militaire n'était encore envisagée. Une chose est sûre, Paris est déterminé à agir, comme en témoigne cette demande d'aide à l'armée américaine pour tenter de localiser les otages. En effet, selon des responsables américains, la France aurait toutefois refusé de donner le moindre détail sur cette assistance qui pourrait, selon les experts, aller de l'imagerie satellite à l'envoi de drones. Interrogé sur l'aide demandée par la France aux Etats-Unis dans la recherche des otages, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères s'est borné à dire qu'une coopération existait “avec tous les états impliqués dans la lutte contre le terrorisme au Sahel”. Et d'ajouter : “Nous avons une coopération active avec les Etats de la région pour renforcer leurs capacités”, sans donner davantage de détails. La France, qui a authentifié la revendication mardi par Aqmi, est en état d'alerte pour parer à tout attentat terroriste et retrouver les otages. Le porte-parole du gouvernement français a ainsi affirmé à l'issue du Conseil des ministres, “comme l'a dit le Président tout à l'heure, tous les services de l'Etat sont mobilisés pour obtenir la libération de nos otages” et “le gouvernement agit en coopération avec l'ensemble des pays qui sont engagés dans la lutte contre le terrorisme”. De son côté, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré que “nous continuerons, les Français, leurs alliés, les pays du Sahel et l'Europe à être (...) le plus attentif possible, à mettre tous nos moyens à la disposition de leur libération”. Le porte-parole d'Aqmi a affirmé que l'enlèvement à Arlit, site d'extraction d'uranium du groupe français Areva, avait été mené sous le commandement d'Abdelhamid Abou Zeïd. Ce dernier est considéré comme responsable de l'assassinat en 2009 de l'otage britannique Edwin Dyer et de la mort en juillet de l'otage français Michel Germaneau. Relayant, le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, qui avait mis en garde lundi sur la possibilité d'un attentat “imminent” d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en France, le directeur général de la Police nationale, Frédéric Péchenard, a estimé hier qu'il y a “un risque d'attentat important” et reste “extrêmement vigilant”. Intervenant sur la radio Europe 1, il a tenté d'être rassurant. “Je ne suis pas là pour inquiéter les gens, mais nous avons des indications sérieuses émanant de renseignements fiables nous disant qu'il y a un risque d'attentat important.” Il rappelé que le plan de sécurité Vigipirate est depuis plusieurs jours activé au niveau rouge, dernier cran avant le niveau écarlate. Pour en revenir à la revendication du rapt annoncée mardi, le porte-parole d'Aqmi a indiqué, dans son message, qu'“en annonçant notre revendication de cette opération, nous informons le gouvernement français que les moudjahidine vont lui transmettre ultérieurement leurs demandes légitimes”. Faisant allusion à une opération militaire, alors que l'armée française est engagée dans une large opération de recherche au Niger, il avertira Paris en ajoutant que “nous mettons en garde (le gouvernement français) contre toute autre stupidité”. Dans le même ordre d'idées, la France a authentifié la revendication par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) du rapt jeudi au Niger de sept personnes dont cinq Français et “a de bonnes raisons de penser” qu'ils “sont en vie”, a déclaré, lors d'un point de presse, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal. Il a également souligné que “nous n'avons pas reçu de preuves de vie, mais nous avons de bonnes raisons de penser que les otages sont en vie”. Un peu plus tôt, le ministre français de la Défense, Hervé Morin, avait jugé “crédible” la revendication d'Aqmi. Son collègue de l'Intérieur, Brice Hortefeux, avait aussi parlé d'une “confirmation” de la responsabilité de cette organisation dans le rapt. Sur le terrain, à partir de Niamey, les 80 militaires français se relaient pour mener des vols de reconnaissance, “pour tenter de localiser les preneurs d'otages”.