Parmi la foule venue en signe de protestation, des anciens membres du MCB, des militants du MAK, de l'EPA (Eglise protestante d'Algérie), des figures du RCD, du collectif de SOS Libertés et du MDS. Il était 10 heures, hier, devant le tribunal de Larbaâ Nath Irathen où devait se tenir le procès de quatre jeunes chrétiens accusés de “création d'un lieu de culte sans l'autorisation des pouvoirs publics”. Devant la porte du tribunal, une foule nombreuse, en signe de protestation, était présente. L'on pouvait lire sur l'une des banderoles exhibées par les manifestants : “Des lieux de culte pour tous”. Traité comme une affaire ordinaire, le procès tant attendu des quatre chrétiens s'ouvre vers 10h45 après la succession de plusieurs autres affaires. À la surprise générale, le procès est ajourné au 10 octobre prochain, à la demande des avocats de la défense. Interrogée, Me Rahmani Fatiha, membre du collectif de la défense, dira que “l'affaire est ajournée à notre demande afin de constituer le dossier de la défense. L'accusation portée par la justice reste une atteinte à la liberté individuelle de ces personnes. Dans ce sens, la loi se trouve en contradiction avec elle-même. D'une part, l'Etat algérien signe une convention, une charte internationale, relative à la liberté de culte. D'autre part, on interdit la pratique d'une religion autre, en se référant à l'article 144 bis, du code pénal, pour atteinte au précepte de l'Islam”, estime cette avocate. En l'absence de Me Aït Larbi, les avocats présents, hier, à la cour de l'ex-Fort-national, étaient Mes Fatiha Rahamni et Ben Belkacem. À l'extérieur, parmi la foule qui lançait ses slogans, des anciens membres du MCB, des militants du MAK, de l'EPA (Eglise protestante d'Algérie), des figures du RCD, du collectif de SOS Libertés et du MDS (Mouvement démocratique et social.) Dans une déclaration rendue publique hier, dont nous détenons une copie, le MDS estime que “des procès en cascades sont intentés contre des citoyens pour non-respect du jeûne pendant le Ramadhan, ou pour pratique illicite d'un culte, le christianisme”. Ce qui est vu par cette fédération comme une atteinte aux libertés consacrées par la Constitution. “Le pouvoir veut-il mettre sur un même pied d'égalité, d'une part, les criminels terroristes qui ont mis le pays à feu et à sang, et les personnalités qui ont dilapidé les bien publics et, d'autre part, des citoyens qui luttent pour arracher leur droits…”, regrette le MDS. Ces mesures répressives de la justice, sont vues, en Kabylie et un peu partout ailleurs, comme une une “régression” d'un Etat dont le citoyen attend, sûrement, un changement radical en matière de droits et de respects des libertés individuelles et collectives. Le choix du culte est, pourtant, un droit constitutionnel. Ce procès s'inscrit, en fait, dans la même lignée que celui d'Aïn El-Hammam, ouvert, pour rappel, le 21 septembre passé, contre deux citoyens qui n'avaient pas respecté le jeûne. Lors du procès, dont le verdict est laissé en délibéré pour le 5 octobre prochain, le procureur de la République avait requis 3 ans de prison ferme à l'encontre des deux non-jeûneurs, H. H., âgé de 47 ans, et S. F., âgé de 34 ans. Par ailleurs, un appel est lancé par SOS Libertés, initié par Arezki Aït Larbi, aux personnes qui vont venir soutenir les prévenus, le 10 octobre prochain, au tribunal de Larbaâ Nath Irathen, afin de ne pas répondre aux provocations et d'éviter de “faire déraper la mobilisation citoyenne dans la violence”. Toutefois, le sit-in d'hier devant le tribunal s'est déroulé devant une forte présence policière.