La direction générale de la Sûreté nationale, en partenariat avec l'Organisation nationale pour la sauvegarde de la jeunesse, lance le plan national de prévention et d'action éducative de proximité. Ce plan, premier du genre dans les annales de la police, concerne, dans un premier temps, la capitale avant d'être élargie aux autres wilayas du pays. Des unités de proximité mobiles vont sillonner les quartiers chauds d'Alger pour venir en aide aux jeunes en difficulté ou en rupture avec l'ordre social. Ce projet-pilote, avons-nous appris auprès d'Abdelkrim Abidat, président de l'Organisation nationale pour la sauvegarde de la jeunesse (ONSJ), est axé sur un dispositif composé de six Samu scolaires qui seront dépêchés dans les écoles, les CEM et les lycées. Leur travail consiste à lutter contre la violence et la toxicomanie en milieu éducatif. Six psycho-bus vont patrouiller dans les quartiers populaires, de jour comme de nuit, pour la prise en charge des jeunes en danger moral ou qui ont basculé dans la délinquance. Six chapiteaux feront la tournée dans les quartiers chauds d'Alger pour un travail d'écoute et de communication. Les cellules de proximité de la DGSN seront soutenues par mille éducateurs de l'ONSJ qui seront reconnus grâce à une tenue spéciale : une casquette noire et un gilet jaune phosphorescent. Il a été également procédé à l'habillage des véhicules pour la circonstance. Policiers, médecins, sociologues, psychologues rattachés à la DGSN constituent l'équipe multidisciplinaire qui va encadrer l'opération chapeautée par la direction centrale de l'action sociale au niveau de la DGSN. Ce plan d'action sera lancé officiellement au cours des journées portes ouvertes qui seront organisées les 5, 6 et 7 octobre à l'esplanade de la Grande-Poste pour présenter le nouveau dispositif. Selon M. Abidat, “ce projet a retenu l'attention du président de la République lors de la première conférence nationale sur les préoccupations des jeunes et ce plan d'action, dans lequel le mouvement associatif a une participation active, fait partie des recommandations issues de cette conférence”. Il nous a indiqué que “le dispositif intègre le centre-pilote de prévention et de psychothérapie de Mohammadia pour la prise en charge des toxicomanes”. “Plusieurs réunions ont été tenues dont la dernière s'est déroulée lundi dernier pour finaliser le projet en étude depuis des mois”, a-t-il expliqué. Outre la DGSN et l'ONSJ, d'autres acteurs interviennent dans ce programme. C'est ainsi, nous dira M. Abidat, que “les jeunes rencontreront sous les chapiteaux qui seront équipés de bureaux, les représentants de la BEA, de l'Ansej et de la formation professionnelle pour les sensibiliser et les informer sur des débouchés auxquels ils peuvent prétendre”. “Cette action, ajoute notre interlocuteur, vise à aider les jeunes porteurs de projets à aller de l'avant et réaliser leur rêve mais surtout à prendre conscience qu'il y a des possibilités de s'en sortir et de construire un avenir prometteur.” Il nous a également fait savoir que “le premier chapiteau sera implanté à Bab El-Oued pour une durée de trois jours, ensuite à Oued Koriche et ainsi de suite”. En ajoutant que “les jeunes des 56 communes sont concernés par ce travail de prise en charge effective de leurs préoccupations”. Favoriser la prévention Le général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la DGSN, a, dans une lettre lue au cours de la réunion de lundi par le directeur central de l'action sociale au niveau de l'institution policière, insisté sur l'implication de “tous les acteurs concernés par l'opération” et les a exhortés à mettre le paquet pour que ce soit “une totale réussite” afin que le plan fasse des émules sur tout le territoire national. Pour le président de l'ONSJ, le chef de la Sûreté nationale “a mis tous les moyens logistiques et humains pour que ce dispositif d'approche, axé sur l'écoute et la communication auprès des jeunes afin d'instaurer un dialogue, rompu depuis fort longtemps entre les jeunes, la police et tout ce qui a trait à l'ordre public, atteigne le objectifs qui lui sont assignés pour des résultats probants”. Pour M. Abidat, “la situation a atteint un seuil intolérable à tel point que les méthodes de répression n'ont plus aucun effet sur les jeunes. Il ne s'agit plus de palabrer sur les préoccupations des jeunes mais d'agir et de trouver des solutions idoines qui traitent le mal en profondeur”. Le choix du 5 octobre n'est pas fortuit, cette date symbolique rappelle des évènements tragiques durant lesquels beaucoup de jeunes sont morts pour réclamer une vie décente. Il faut dire que si les choses restent en l'état, il est fort à craindre que cela ne conduise à une implosion sociale. Des quartiers comme Bab El-Oued, La Casbah, Belcourt, El-Harrach ainsi que d'autres quartiers populaires dans la capitale et d'autres villes et villages du pays, qui ont connu des moments dramatiques de leur histoire, sont devenus de véritables viviers de la criminalité et du terrorisme, et en dépit des chiffres officiels rassurants, la situation a empiré avec l'apparition de nouveaux fléaux qui donnent froid dans le dos. Drogue, racket, agressions, viol, kidnapping, des maux qui rongent la société dans ses fondements et dont les jeunes en sont à la fois les victimes et les auteurs. Une deuxième conférence nationale sur le dossier de la jeunesse en préparation Abordant le chapitre de l'évaluation de ce plan d'action, le président de l'ONSJ nous a indiqué que “le plan d'action sera évalué six mois après son lancement officiel”. Il nous a également révélé qu'une deuxième conférence nationale sur le dossier de la jeunesse, à laquelle participera son entité, est en cours de préparation. Pour rappel, le 23 octobre 2007, la conférence gouvernement-walis était organisée en grande pompe et un budget colossal lui a été alloué. Le président Bouteflika a, lors d'un discours solennel, déclaré que “l'un des problèmes les plus importants que pose l'avenir de notre pays est celui de la jeunesse. Ce problème constitue un des aspects, sans doute le plus grave, du problème général que pose la poursuite du processus de redressement national. Avec un taux de près de 70% de la population, la catégorie des moins de 30 ans est aujourd'hui majoritaire dans notre pays”. Il a ajouté que “ses préoccupations, ses aspirations, ses besoins sont de vrais problèmes de société qu'il nous appartient d'inscrire au registre des urgences nationales afin de redonner à notre jeunesse sa réelle vocation qui est de croire en son avenir et en celui de son pays”. Il a reconnu l'échec des politiques élaborées par les pouvoirs publics. “De graves problèmes menacent la nouvelle génération”, a-t-il asséné. “Ces problèmes, qui nourrissent la délinquance, la violence et la fuite vers d'autres horizons, sont d'autant plus difficiles à résoudre que cette catégorie de la population a été directement confrontée aux méfaits de la crise qui a affecté le pays. Il faut reconnaître que les politiques nationales n'ont pas toujours été à la hauteur des attentes de nos jeunes. Elles ont en particulier manqué d'efficacité et de cohérence du fait de l'absence de mécanismes opérationnels de concertation et de coordination des diverses institutions chargées des questions de la jeunesse. Les sondages effectués sur les attentes de la jeunesse confirment ce constat illustratif de la déconnexion de la relation entre les jeunes et l'action des pouvoir publics.” Il a demandé à ces derniers “d'adopter de nouvelles approches et de nouvelles méthodes dans la prise en charge de ses attentes. Des approches basées sur l'écoute, le dialogue, l'information et la communication, ainsi que la prévention et la sauvegarde de la jeunesse”. Il a préconisé : “L'approche intersectorielle devrait permettre une meilleure synchronisation des programmes et des activités propres à chacun des secteurs en charge des jeunes, ainsi que des associations de jeunesse.”