La drogue et la violence sous toutes leurs formes sont deux bombes à retardement. Stades, établissements scolaires...aucun lieu n'est épargné. Et les autorités semblent hypnotisées. «Pourquoi nous tourner le dos?» se plaint Abdelkrim Abidat, président de l'Organisation nationale des associations pour la sauvegarde de la jeunesse (Onasj). «Le ministère de la Jeunesse et des Sports a trop donné d'importance au football. Maintenant, il est grand temps qu'il oriente sa stratégie vers cette jeunesse pour savoir de quoi elle souffre réellement», dit-il. Intervenant hier lors d'une table ronde organisée par le centre de presse du quotidien El Moudjahid, M.Abidat n'a cessé d'appeler à une politique nationale pour endiguer ces phénomènes. «Sans cette politique, c'est la catastrophe.» Le «verdict» est tombé. Seulement, une question s'impose: «Avons-nous les moyens de gagner cette bataille entamée depuis plusieurs années?» La réponse est oui, selon le conférencier. «Les moyens existent, il faut aller sur le terrain.» M.Bahbou, représentant du département de Hachemi Djiar et invité à ce débat, riposte à la critique qu'on lui a faite. «Notre mission est de trouver des solutions adéquates pour gérer le temps libre de cette jeunesse, pas de régler le problème.» N'admettant pas cette manière de combattre la drogue, à titre d'exemple, par l'évocation des statistiques, M.Abidat propose des solutions «palpables». «On ne doit pas penser à la place des dealers», a-t-il expliqué. Comment y procéder? Six psycho- bus et six Samu-bus, sans compter les équipes dépêchées par la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn), seront exposés du 5 au 7 octobre prochain sur l'esplanade de la Grande-Poste. La première commune concernée est Bab El Oued. Une fois achevée au niveau de la capitale, l'opération qui entre dans le cadre du Plan national de prévention de proximité, s'étendra à l'ensemble des 47 autres wilayas. «Le but est d'éloigner les dealers des jeunes consommateurs», ajoute le président de l'Onasj. Dans ce contexte, des bonbons Tic Tac aux différents goûts (citron, fraise...) sont donnés à des jeunots. Cependant, à l'intérieur on y trouve de l'ecstasy qui est une drogue pouvant être fatale pour celui qui la consomme. L'avertissement est donné. A cet effet, plus de 1000 jeunes éducateurs et éducatrices sillonnent les quartiers, notamment populaires de la capitale où la drogue et la violence ont pris des proportions alarmantes. Par ailleurs, il convient de préciser que le Centre de prévention et de psychothérapie d'El Mohammadia a été visité par 1595 drogués. Ceux-ci sont à la recherche de solutions pouvant les sortir de leur calvaire qui ne fait que durer. Intervenant pour apporter des éclaircissements, le représentant de la Dgsn a affirmé: «On lutte pour sauvegarder des citoyens. Pour ce faire, on a opté pour une police spécialisée.» Il note que malgré les agressions quotidiennes dont sont victimes plusieurs citoyens, les femmes en particulier, une légère régression a été constatée. La délinquance revient en effet, au galop à travers cette nouvelle forme de violence urbaine que sont les batailles rangées entre clans ou quartiers entiers. Ni la morale sociale ni les codes juridiques ne font autorité, désormais, devant la force de l'instinct grégaire et les pulsions animales. Le représentant de la Protection civile insiste d'ailleurs sur la multiplication des caméras de surveillance permettant d'identifier les fauteurs. Les bandes organisées se multiplient dans les grandes villes et se disputent le contrôle des quartiers comme espace de prédation où elles imposent leur diktat aux citoyens paisibles.