Les walis fraîchement installés auront pour mission de faire démarrer le plan quinquennal 2010-2014 et de préparer les échéances électorales de 2012 (législatives et locales) et de 2014 (élection présidentielle). Ils devront opérer une rupture avec le passé et améliorer les relations entre l'administration et les citoyens, actuellement très tendues, reconnaît le ministre. Peu avant de procéder à la cérémonie d'installation des walis nouvellement nommés, ainsi que ceux qui ont fait l'objet de mutation vers une autre wilaya, jeudi, à la résidence Djenane El-Mithaq, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a animé une conférence de presse pour expliquer le pourquoi de ces changements et énumérer les directives qui leur seront données en vue d'un rapprochement entre l'administration et les citoyens. Avant l'arrivée du ministre, son secrétaire général avait averti les journalistes que M. Ould Kablia ne souhaitait pas s'exprimer en dehors de cet ordre du jour. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales reconnaît que le mouvement opéré le 30 septembre dernier est très large, touchant l'ensemble des corps des hauts fonctionnaires territoriaux relevant du ministère, à savoir les walis, les walis délégués, les secrétaires généraux de wilaya, les directeurs de la réglementation et des affaires générales, ainsi que les directeurs de l'administration locale et les chefs de daïra. Dans le détail, ce mouvement a concerné 40 walis sur les 48 wilayas du pays et touché 33 secrétaires généraux de wilaya, l'ensemble des Drag et DEL et 215 chefs de daïra. “Jusqu'à présent, les changements ne concernaient que 3 à 5 walis”, dit-il. Cette opération répond au besoin d'impulser une nouvelle dynamique à la gestion des collectivités locales, affectée par la routine et de mauvais contacts relationnels. “90% des anciens walis étaient depuis plus de 5 ans en poste”, révèle le ministre de l'Intérieur, avouant que dans certains cas, les relations entre le wali et les élus locaux ainsi qu'avec les citoyens “sont devenues difficiles et électriques”. “Le but est d'injecter du sang neuf aux collectivités locales en prévision des échéances électorales, notamment l'élection présidentielle en 2014.” Le ministre tient également à préciser que les 11 walis rappelés à d'autres fonctions au sein de l'administration centrale ne l'ont pas été par manque de compétences, de probité ou à cause d'un âge avancé, mais en raison principalement de problèmes de santé. Pour ce qui est de la cérémonie d'installation groupée, il l'a motivée par la non-parution encore des décrets de ces nominations au Journal officiel et l'ampleur du mouvement qui ne permet pas de procéder à des cérémonies d'installation individuelles. “Cela ne m'empêche pas de faire des sorties d'inspection dans certaines de ces wilayas à l'avenir.” Trois directives aux walis Les walis fraîchement installés devront réaliser trois objectifs, suivant les orientations données par le président de la République, lors de l'audition accordée au département de l'Intérieur au mois de Ramadhan dernier. Il s'agit en l'occurrence de mettre en place une administration rénovée en adéquation avec les nouveaux modes de législation relatifs à la loi sur la lutte contre la corruption, le projet d'amendement du code communal, la loi sur les associations… Il est question également de prendre en charge les projets inscrits au programme présidentiel 2010-2014, de rattraper le retard cumulé dans le précédent programme quinquennal et de traiter avec rigueur les problèmes ayant une incidence directe sur le citoyen, notamment en améliorant l'accueil et en créant un service chargé de la gestion du contentieux. “Nous nous sommes rendu compte que la plupart des plaintes des citoyens étaient motivées, mais que l'administration ne les prenaient pas en charge.” Les nouveaux walis ont pour orientation de s'attaquer, par ailleurs, aux problèmes de précarité touchant l'emploi et le logement, problèmes d'hygiène et à la bureaucratie. M. Ould Kablia dit ne pas comprendre pourquoi dans certaines wilayas, la carte grise est délivrée dans la journée et dans d'autres, cette démarche peut prendre des mois. “Je ne déclare pas la guerre au commerce informel” Interrogé sur l'absence de femmes walis dans le dernier mouvement dans ce corps, le ministre réplique qu'il n'y a pas actuellement dans le corps administratif des femmes qui répondent aux critères fixés et aux profils recherchés. Il note la présence d'une dizaine de femmes secrétaires générales de wilaya et un nombre moins important de femmes chefs de daïra. Quant au commerce informel, il rassure que les orientations du chef de l'Etat ne vont pas vers son éradication, mais vers son organisation et son absorption progressive. “Je ne déclare pas la guerre au commerce informel, parce que ce commerce est la seule source de revenus pour des milliers de jeunes et leur famille.” Au sujet du projet d'amendement du code communal, le ministre soutient qu'il a été remis au secrétariat de l'Assemblée nationale. Pour ce qui est du passeport biométrique, il répond que l'opération “se déroule relativement bien, là où les équipements sont installés”, tout en soulignant qu'uniquement une soixantaine de machines sont opérationnelles, alors que les besoins sont de l'ordre de 600 appareils.