Le bureau régional de Tizi Ouzou de l'Association des moudjahidine de la Fédération du FLN en France 1954-62 a organisé, jeudi dernier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de la ville des Genêts, une cérémonie de remise de médailles de mérite et d'attestations de reconnaissance à des dizaines de moudjahidine et de militants de la Fédération de France du FLN, à l'occasion de la commémoration du 49e anniversaire des manifestations, le 17 octobre 1961, de milliers d'Algériens à l'appel de cette organisation. Des centaines d'entre les manifestants seront alors massacrés et d'autres arrêtés par la police de Maurice Papon et de De Gaulle. Après avoir écouté l'hymne national, la cérémonie a été ouverte par le président du bureau régional de l'Association des moudjahidine de France, remerciant notamment l'ensemble des présents dans une salle archicomble de ces anciens maquisards venus des quatre coins de la wilaya. Rapidement, la parole a été donnée à Ouali Aït Ahmed, ancien officier de l'ALN et membre du bureau de Tizi Ouzou de l'ONM (Organisation nationale des moudjahidine). M. Ouali a dit, “pour ne jamais oublier”, que la prise de conscience quant à la nécessité de se débarrasser du joug colonial français est venue surtout de l'émigration en France ; ces “mon z'ami”, comme la police de Papon appelait alors les Algériens militants activistes en raison de leurs défauts de prononciation du français des termes “mon ami et mes amis” (confusion involontaire). “Il ne faut pas oublier que de cette émigration, qui a appris comment se défendre dans les rangs mêmes des syndicats de l'ennemi en France, qu'est venue la prise de conscience dans le militantisme, avant de donner naissance en 1926 sur le sol français à la fameuse ENA (Etoile nord-africaine)”, ajoute M. Aït Ahmed Ouali, en remontant encore un peu plus dans l'histoire pour apprendre à la nombreuse assistance composée de beaucoup de jeunes et surtout de vieux maquisards, qu'il y a eu, depuis 1830, quelque 105 insurrections un peu partout dans le pays, avant que la meilleure ne se déclenche dans l'union le 1er Novembre 1954. Parlant toujours des militants de l'émigration, Ouali Aït Ahmed a rappelé qu'“il ne faut jamais oublier que les messalistes avaient fait beaucoup de mal en aidant par délation la police de Papon sur les activités des militants du FLN”. “La plupart des massacres et assauts lancés par Papon dans des cafés fréquentés par des Algériens étaient précédés d'abord par le passage de groupes de repérage de messalistes”, ajoute Ouali Aït Ahmed, rappelant que derrière les massacres de Papon, il y a toujours le principal instigateur, le général De Gaulle. De son côté, un autre responsable, ancien militant de la fédération du FLN, a rappelé que lors des quadrillages militaires en 1957 sur la population en Algérie, un second front a été ouvert en France par l'émigration, qui décida de suivre simultanément, elle aussi, la grève des huit jours de janvier 1957. Lorsque De Gaulle consacrait un milliard de nouveaux francs, pour financer quotidiennement les frais de la guerre en Algérie et des 80 000 soldats qu'il y envoya, les militants de la fédération du FLN ramassaient et transféraient un milliard 200 millions de nouveaux francs, pour dire le rôle primordial des militants de l'émigration, autrement dit de la 7e Wilaya, dans la réussite de la lutte armée de Libération nationale. Au terme de ces courtes interventions, il a été procédé à la remise de dizaines de médailles de mérite et d'attestations de reconnaissance à ces anciennes et anciens militants, maquisards de l'émigration. Par galanterie, Mme Zohra Hamoudi, l'une des militantes de la F/FLN, a été la première à recevoir des mains du P/APW son cadeau de reconnaissance, suivie de l'ensemble des autres anciens. L'assistance sera conviée ensuite à goûter à une modeste mais conviviale collation organisée en l'honneur de tous les libérateurs de la patrie et à la gloire de ses martyrs.