C'est quand même navrant et surtout frustrant que la JSK se plante de la sorte en fin de parcours, et ce, après avoir réussi pourtant une trajectoire exceptionnelle dans cette Ligue des champions où elle ne bénéficiait pas trop des faveurs des pronostiqueurs aux côtés des grosses cylindrées africaines telles que le club égyptien Al-Ahly, recordman des victoires en Coupe d'Afrique des clubs, les Nigérians du FC Heartland finalistes l'an dernier de la Ligue des champions d'Afrique et enfin les Congolais du Tout Puissant Mazembé, tenant du titre continental et grand postulant pour sa propre succession. Après avoir sorti en phase éliminatoire des adversaires respectables comme les Forces armées de Gambie, le Club africain de Tunis et le Petro Atlético d'Angola, l'on avait redouté pour les jeunes Canaris l'épreuve difficile des poules mais voilà que les camarades d'Aoudia réussiront un parcours sans faute fait de quatre victoires et deux nuls qu'ils pouvaient faire mieux ? C'est ce qui a fait que les joueurs, les dirigeants, les milliers de supporters de la JSK et les millions d'Algériens avaient misé tant d'espoir sur le culot, la vélocité et surtout le panache de cette formation kabyle qui a réussi à déjouer donc tous les pronostics et à bouleverser de surcroît la hiérarchie dûment établie dans cette Ligue des champions où les clubs algériens n'ont jamais pu postuler jusque-là au podium tant envié. “Nos joueurs ont attendu cette finale retour contre le tenant du titre pour fournir finalement leur plus mauvaise prestation de tout le parcours africain”, s'exclamait en fin de partie le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi lui qui a misé très gros sur cette édition. Il est vrai qu'il est toujours facile d'accabler les joueurs dans de telles circonstances mais il ne faut pas être un clerc en la matière pour comprendre en fait que, primo, la JSK a précipité son élimination lors du match aller où elle avait aisément le match nul en main et, secundo, la JSK n'a pas tellement osé sur le plan offensif lors du match retour de samedi soir. D'ailleurs, le coach sénégalais du Tout Puissant Mazembé, Lamine N'diaye, qui connaît bien la JSK pour l'avoir déjà éliminée en 2002 en Coupe de la CAF alors qu'il drivait la formation camerounaise du Coton Sport de Garoua nous l'a confirmé de vive voix dans les vestiaires congolais embués par l'euphorie des grands jours. “En toute sincérité, je pense que la JSK a consommé son élimination au match aller où elle a réalisé un superbe match mais a commis deux erreurs fatales en fin de partie”, dira le vieux briscard sénégalais. Et si la tâche des Kabyles était très ardue avec deux buts à remonter face à la solide défense du Champion d'Afrique en titre, force est d'admettre que les Canaris n'ont rien fait pour réussir l'exploit non pas qu'ils n'ont rien tenté sur le terrain. Lors du match aller, l'on sait que la sortie de Remache en seconde mi-temps avait perturbé le schéma défensif de la JSK qui tenait bien le 1-1 mais s'est montré un peu trop gourmande en attaque pour se dégarnir dangereusement en défense et prendre stupidement ces deux buts assassins dans les cinq dernières minutes de la partie. à Tizi Ouzou, l'on pensait – naïvement peut-être – que la JSK allait jouer l'attaque à outrance pour tenter de refaire son retard mais il n'en fut absolument rien puisque les Canaris ont adopté d'emblée un 4-4-2 qui n'a jamais pu inquiéter la citadelle congolaise du fait qu'Aoudia était trop esseulé sur le front de l'attaque face aux grands gabarits congolais alors que le Nigérian Azuka sur lequel le staff technique kabyle avait misé gros est passé complètement à côté de la plaque comme il l'a d'ailleurs fait tout récemment encore au Nigeria face à ses compatriotes de Heartland. D'ailleurs, à la lecture de la composition de l'équipe plus d'une heure avant le coup d'envoi, de nombreux observateurs étaient quelque peu surpris de la composante offensive kabyle et surtout de la titularisation de Azuka qui a toujours été plutôt un joker de fin de match. L'on s'attendait à voir une attaque composée de trois éléments ave Yahia-Chérif et Yalaoui ou Hamiti pour encadrer Aoudia et bousculer ainsi l'arrière-garde congolaise tout en réalisant le premier but du déclic dès la première période. N'Diaye avait déjà éliminé la JSK Certes, l'on sait que malheureusement, on ne peut pas refaire un match mais il est à peu près sûr qu'avec trois attaquants de métier sur le front de l'attaque, la JSK aurait pu renverser le cours des évènements mais il n'en fut malheureusement rien et la JSK buta éperdument sur la digue congolaise sans pour autant trouver la moindre faille même si ce tir de Aoudia sur le poteau dès la 20' de jeu aurait pu constituer le petit détail susceptible de débloquer la situation. De plus la blessure prématurée du Malien Coulibaly qui venait de rentrer d'un match international au Mali pour se tordre finalement la cheville très certainement par manque d'entraînement la semaine dernière alors que l'excellent pivot Saïd Belkalem s'est blessé stupidement à l'entraînement avec l'équipe nationale olympique alors qu'il aurait dû être dispensé d'un regroupement tout aussi banal à quelques jours d'une échéance continentale aussi importante qu'une finale retour de Ligue des champions. Et s'il faut ajouter l'expulsion de Naïli à la 66' alors qu'il avait déjà un carton et qu'il aurait dû être remplacé par le fin technicien El-Orfi qui aurait pu apporter un plus offensif à la JSK, il faut bien admettre que les Canaris étaient bel et bien poursuivis par les démons et que malgré toute sa compétence et son expérience de joueur de haut niveau, le coach suisse Alain Geiger ne maîtrise apparemment pas encore les vices et les… “tournevis” du football africain ! “Alors tournons la page africaine et place au championnat tout en préparant d'ores et déjà la prochaine expérience africaine qui débutera en février prochain”, dira avec beaucoup de sagesse et de lucidité l'autre technicien de la JSK, Kamel Bouhellal qui semblait, lui aussi, très affecté par cette élimination mais qui semble bien prendre la chose avec beaucoup de philosophie et de sportivité. Ainsi va le foot !