La Fédération de France, plus particulièrement le Comité de soutien aux détenus et le collectif des avocats, dont Maître Vergès, sont parvenus à créer une sorte de “tribune politique en faveur du FLN”. Le Centre Echaâb des études stratégiques a organisé, hier, une conférence intitulée “La Fédération de France du FLN : apports et contributions à la Révolution”. “Parler de cette fédération, c'est avoir toujours à l'esprit l'émigration”, a d'emblée indiqué le conférencier, Makhlouf Aouli, rappelant au passage que près de 5 000 Algériens étaient présents sur le sol français, au début du siècle passé. Dans son exposé, l'ancien combattant de la guerre de Libération nationale, également membre fondateur de la Fondation du 8-Mai-1945, s'est longuement étendu sur la genèse du mouvement national, insistant sur “l'importance de l'activité politique” dans les années 1930, et les répercussions du Manifeste du peuple algérien. “Pour analyser la Révolution de 54, il faut revenir à la crise du PPA-MTLD”, a observé l'invité d'Echaâb. L'ex-membre de la Fédération de France du FLN a ainsi révélé que le travail de cette fédération était perceptible à partir de 1955. Selon M. Aouli, la structure du FLN en France “contrôlait quasiment presque toute la communauté algérienne”, à l'exception de “quelques îlots messalistes”, devenant ainsi “un réceptacle unique des militants qui luttaient pour l'indépendance de l'Algérie”. En termes d'apports, l'intervenant a annoncé que “80% du budget du GPRA” provenaient de la Fédération de France, sans omettre de signaler que cette dernière envoyait également de l'argent à certaines “wilayas enclavées”. Il a, en outre, indiqué que la fédération, en plus de “l'apport de certains intellectuels”, à l'exemple des Lacheraf, Belhocine et Harbi, faisait un travail de sensibilisation auprès de l'opinion publique, plus particulièrement en France et dans les pays limitrophes, tels que l'Espagne, la Belgique et la Suisse. “Nous sommes le seul et unique pays colonisé à avoir porté la guerre sur le sol du colonisateur”, a encore lâché l'animateur. Dans ce cadre, il a cité le rôle joué par certaines commissions, chargées d'exécuter les traîtres et les officiers de police français ou d'entreprendre des “actions à portée internationale”. Par ailleurs, la Fédération de France, plus particulièrement le comité de soutien aux détenus et le collectif des avocats, dont Maître Vergès, sont parvenus à créer une sorte de “tribune politique en faveur du FLN”. Dans son intervention, le conférencier a tenu à rendre un vibrant hommage à tous ces militants algériens engagés dans “la lutte contre le colonialisme”. Mais, M. Aouli n'a pas aussi oublié l'aide précieuse apportée par tous ces Français à la cause algérienne, dont les porteurs de valises, le mouvement trotskiste et autres Français qui, à l'exemple du philosophe Jean-Paul Sartre, ont défendu le droit du peuple algérien à la liberté et l'indépendance. “Nous ne devons pas les oublier. Il faut combattre cette amnésie et réparer nos erreurs”, a déclaré avec force le conférencier, avant de noter que la manifestation du 17 Octobre 1961 était “le dernier combat le plus déterminant”, voire “le dernier round de la victoire”.