Né à Tlemcen en 1927, Maître Abdessamad Benabdellah vient de décéder à Paris des suites d'une longue maladie. Son parcours illustre l'engagement des jeunes algériens qui, dès le déclenchement de la lutte de libération, mirent leurs talents au service des militants arrêtés et traduits devant les tribunaux civils et militaires de la puissance coloniale occupante. Avocat au barreau de Paris, Benabdellah fut parmi les premiers à être investi par le front de la mission de défense. C'est ainsi qu'il intervient publiquement pour dénoncer l'assassinat de son confrère Amokrane Ould Aoudia par la prétendue “Main rouge” qui n'était autre qu'un groupe des services secrets français chargé de cette macabre activité. En 1958, avec la reconstitution de la nouvelle fédération de France du FLN, il devient membre du “Collectif des avocats” aux côtés d'autres avocats algériens comme Mourad Oussedik à Paris, Bendimerad à Lyon et Boulbina à Marseille. Dans ce cadre et sous la responsabilité de Aboubekr Belkaïd d'abord, puis après son arrestation, sous celle de Hocine El-Mehdaoui, assisté de Amor Benghezal, le “Collectif” s'est engagé dans de nombreuses tâches : assistance des inculpés devant les juges d'instruction, défense des détenus, organisation des 83 prisons de France, 5 camps d'internement sur le territoire français et de nombreuses prisons en Algérie. Benabdellah, chargé de suivre ces détentions, avait méticuleusement dressé, avec l'aide de ses confrères algériens et l'assistance de plusieurs dizaines d'avocats français anticolonialistes, la liste exhaustive de tous les détenus, que le collectif, en relation avec le Comité de soutien aux détenus (CSD) prenait en charge sur les plans matériel, moral et éducatif. Sur le territoire français, les 5 camps d'internement où se trouvaient des milliers d'algériens étaient également pris en charge. Benabdellah, ses confrères algériens, avec bien d'autres tels que Jacques Vergès, Michel Zavrian, Maurice Courrège, Michèle Beauvillard, Marie-Claude Radziewsky ont plaidé pour nos militants dans tous les grands procès politiques, tels celui de Mourepiane concernant l'incendie des raffineries de pétrole devant le tribunal militaire de Marseille, celui de Notre-Dame de Gravenchon où l'usine à gaz de Rouen avait été attaquée, le procès du “Réseau Jeanson” où nos amis “les porteurs de valises” furent lourdement condamnés en même temps que les militants FLN, par le tribunal des forces armées de Paris. À cette occasion, Benabdallah a eu l'insigne courage d'interpeller vertement l'officier commissaire du gouvernement qui tenait des propos racistes. Ces activités ne manquèrent pas d'attirer sur sa tête les foudres de la justice coloniale. C'est ainsi qu'avec Maîtres Oussedik et Vergès, ils furent inculpés d'atteinte à la sûreté de l'Etat et placés en camp d'internement. Après l'indépendance, Abdessamad Benabdallah exerça les fonctions de maire d'Oran et de président général d'Air Algérie, pendant quelques années, après quoi, il revêtit de nouveau sa robe d'avocat et devint bâtonnier du barreau d'Alger poursuivant sa tâche de défenseur des opprimés, pour le triomphe du droit auquel il avait consacré sa vie. Aujourd'hui, les “militants de la Fédération de France du FLN” se recueillent à sa mémoire ; ils n'oublieront jamais que si beaucoup ont vu leurs peines réduites et si certains d'entre eux ne sont pas passés sous le couperet de la sinistre guillotine, ils le devaient au talent, au dévouement et au patriotisme de Abdessamad Benabdallah. Le corps arrivera le jeudi 31 mars à 10 heures à l'aéroport d'Alger Houari-Boumediene, et l'enterrement aura lieu le même jour à 13 heures au cimetière d'El Alia. Les anciens moudjahidine de la Fédération de France du FLN