Elle m'a fait de la peine cette waâda de Sidi Abdallah à Lamtar près de Sidi Bel-Abbés. Pas de tentes vip, pas de moutons égorgés à la chaîne et pas de grosse foule non plus. J'avais l'impression que des zawalis faisaient semblant de faire la fête au village car le cœur n'y était pas. Et la chose visiblement manquait de panache. J'ai connu mieux dans le registre. J'ai connu le must à Trézel dans le djebel Nador et le nec plus ultra dans les plaines du Sersou là au moins la “farja” avait un sens. Il y avait du spectacle. Il y avait du clinquant. Il y avait de la profusion. Les fellahs de la mekerra sont-ils venus pingres au point que leur waâda n'intéresse plus personne, si ce n'était quelques badauds du hameau et quelques automobilistes curieux qui avaient rempli les “gradins”, cette bamboula rurale serait passée inaperçue ou aurait été un fiasco. Et quand je dis “gradins”, je m'entends. Il s'agit d'un champ de melon en friche où des miséreux étaient venus sagement prendre place en rond d'oignon pour admirer les joutes. Le décor se limitait à un bonimenteur de foire qui donnait de la voix pour vanter ses saloperies de potions qui devaient en principe donner la chasse aux cellulites et aux pucerons et cinq cavaliers dont on ne savait pas s'ils étaient loués à l'heure ou à la journée et censés jouer de la fantasia en faisant gueuler la poudre, ils essaieront bien de crapahuter sur leurs selles mais... piano piano. Ils tenteront bien de faire hurler la poudre mais sans déchaîner la moindre foudre, le public aussi applaudirait mais mollement, sans se fouler les doigts. Mon Dieu comme j'étais loin des rassemblements épiques d'antan ou des tribus entières bivouaquaient près du mausolée de Sidi Khaled pendant une semaine pour accueillir leurs hôtes, couscous et viandes étaient servis aux milliers de convives venus à pied ou à cheval des douars environnants. Mon Dieu que j'étais loin des groupes de fantasia rutilante qui se déversaient après chaque bordée de douze cavaliers par vagues fumantes et hennissantes au pied des foules, au milieu de la poussière et des youyous. Mon Dieu que j'étais loin des chevauchées flamboyantes des ouled Aziz, des amchan, des boulefaâ et des ouleds Chrif. M. M.