Ils étaient des milliers de personnes à emprunter, hier, sous une pluie battante, le chemin escarpé de l'ex-Fort national pour assister à l'inauguration du musée Abane-Ramdane, ce temple de la mémoire érigé en hommage au digne fils d'Azouza, cet homme qui, après avoir trouvé, de sa cellule de prison, le moyen de fournir la ronéo qui a servi à la rédaction de la proclamation du 1er Novembre 1954, a organisé, en véritable architecte et héroïque chef révolutionnaire, le congrès de la Soummam, ce virage historique qui a conduit le pays droit vers l'Indépendance. Ils étaient tous là, officiels, anciens maquisards dont Si L'hafidh Yaha, élus et militants de différentes tendances politiques et simples citoyens, vieux et jeunes, à converger vers Tighilt Ouffela, cette colline qui, du cœur du village d'Azouza, surplombe une bonne partie de la Kabylie, pour prendre part à la grandiose cérémonie organisée par l'APC de Larbâa Nath Irathen en collaboration avec le comité du village d'Azouza. Il était 9h, et la place du village, sur la RN 15, grouillait déjà de monde. Individuellement ou par petits groupes, des invités venaient agrandir les rangs de cette marée humaine qui s'ébranlera en procession vers Tighilt Ouffela, à l'arrivée du wali qui devait inaugurer, quelques minutes plus tard, ce musée issu de la restauration et la conversion de la maison natale d'Abane Ramdane. À l'intérieur du musée, il devenait de plus en plus difficile de se frayer un chemin pour visiter les six salles qui composent ce monument où la vie de l'unificateur des forces patriotiques nationales, cet homme dont le rôle dans le ralliement de l'Udma, des centralistes et des Ulémas à la cause du FLN révolutionnaire est incontestable, est retracée dans ses moindre détails à l'exception de l'épisode noir de la Révolution algérienne que fut son assassinat le 27 décembre 1957 au Maroc. “Il a été assassiné dans des conditions non encore éclaircies”, est-il encore une fois écrit sur une fiche exposée au musée. Lors d'une prise de parole, le wali de Tizi Ouzou, qui a eu déjà auparavant la chance d'inaugurer le musée Larbi-Ben-M'hidi à Batna, dira, ému, que “quels que soient les efforts qu'on fournit pour sa mémoire, on ne pourra jamais rendre justice à Abane Ramdane”. “Mais un tel geste à l'endroit d'un des organisateurs qui ont donné l'âme à la Révolution algérienne, est, toutefois, des plus louables”, a ajouté le wali, avant que la parole ne soit donnée au P/APC de Larbâa Nath Irathen, Hocine Lounis, qui dira pour sa part que “si on veut que le pays avance, on doit connaître notre histoire”.