Aucun démenti à propos de ce contact entre les deux hommes n'a été émis, jusque-là, du côté officiel algérien. Encore une fois le magnat égyptien, détenteur d'Orascom Télécom Holding (OTH) dont Djezzy en est la filiale algérienne, réagit aux déclarations algériennes en apportant de l'eau au moulin. “La position de l'Algérie au sujet de la fusion entre Weather Investment et le russo-norvégien Vimpelcom ne la fera pas échouer”, coupera Naguib Sawiris, lors d'une apparition sur la chaîne de télévision Al-Arabiya comme repris par le site électronique Maghrebemergent.info, révélant ainsi qu'il a eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour expliquer son refus de se soumettre aux conditions de l'Algérie, alors que ces dernières ont été, à nouveau et pas plus tard que la semaine dernière, soulignées avec force lors du passage de Ouyahia devant les députés prenant ainsi à témoin toute l'opinion publique. Il réaffirmera, à l'occasion, l'intention du gouvernement de continuer dans la logique d'achat mais non sans préalables. Il parlera, en outre, de l'assainissement de la situation fiscale d'OTH vis-à-vis de l'Etat algérien “pour lequel il est redevable de la somme de 17 milliards DA”, le règlement par Djezzy de sa dette contractée auprès d'autres parties en Algérie dont l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) et le règlement de la situation des travailleurs de la société de téléphonie fixe dissoute Lacom, dont les salaires n'ont pas encore été versés. La troisième condition est que Djezzy se doit d'appliquer la décision souveraine de la justice concernant la plainte déposée par la Banque d'Algérie pour fraude dans le transfert et la législation des changes pour 190 millions de dollars. M. Ouyahia abordera, en conclusion, la question de l'obligation pour Djezzy de payer 20% de la plus-value à l'Algérie au moment de la vente, conformément à la législation algérienne. Une sortie considérée parSawiris comme une tentative de le désavouer auprès de ses futurs associés alors que la fusion avec Vimpelcom n'a pas encore eu lieu et ne serait effective qu'en février prochain. Ceci a donc poussé, sans nul doute, Sawiris de sortir de sa réserve et révéler ce nouveau contact avec Alger, laissant libre cours à toute interprétation sans que l'information ne soit démentie, jusque-là, par le canal officiel. Très prudent comme à son habitude, le patron d'OTH ne dira pas les choses aussi crûment et se contentera d'indiquer qu'il a fait part à Ouyahia de la “situation difficile traversée par son entreprise depuis le début de la crise algérienne” et qu'il attendait qu'une date soit fixée pour le début des négociations avec le gouvernement algérien sans pour autant commenter la déclaration algérienne qui insiste à ne reconnaître que OTH comme vis-à-vis. En attendant, le doute serait bel et bien semé dans l'esprit du futur acquéreur, notamment auprès du côté norvégien détenteur de 36% de Vimpelcom, à plus forte raison que nul n'est sans savoir que Djezzy est la filiale la plus rentable d'OTH. Jon Fredrik Baksaas, directeur général de Telenor, a estimé, selon la même source, que “l'absence de Djezzy du lot apporté par Orascom Télécom pourrait entraîner, à défaut d'une reconsidération de la fusion, une réévaluation du montant de la transaction qui est de 6,6 milliards de dollars”. Le président de Telenor, Ole Bjorn Sjulstad, quant à lui, a accentué les doutes en annonçant qu'un réexamen complet du projet de fusion. Hier, le directeur des relations avec les investisseurs de Vimpelcom, Alexey Subbotin, s'est dit “optimiste” sur la capacité d'OTH de résoudre son litige avec le gouvernement algérien. “Le conseil d'administration de VimpelCom et de Weather Investment vont se réunir à la fin du mois pour finaliser l'accord de fusion même si OTA (Djezzy) ne recevait pas l'accord du gouvernement algérien pour être incluse dans l'accord”, a-t-il indiqué. “L'opération ne concerne pas seulement l'Algérie. Nous avons une approche beaucoup plus pratique, d'autres actifs de Weather Investments sont attractifs pour nous”, a déclaré Subbotin, qui a refusé de répondre à la question de savoir si VimpelCom était impliqué dans les négociations pour résoudre le différend entre le gouvernement algérien et Orascom Télécom.