Malgré un discours résolument rassurant sur ses intentions de se fixer ad vitam æternam en Algérie, le groupe Orascom Telecom Holding (OTH), propriété du magnat égyptien, Naguib Sawiris, réduit de plus en plus ses investissements. En effet, l'investissement de sa filiale algérienne, Orascom Télécom Algérie (OTA), se chiffrait à 166 millions de dollars au troisième trimestre de l'année 2008 contre 222 millions de dollars durant la même période en 2007, soit une baisse de 49%, selon le rapport financier du groupe rendu public hier sur son site internet, concernant ses 5 filiales, établi au troisième trimestre 2008. L'Algérie est le premier pays où OTH a décidé de réduire de manière significative ses investissements. En Egypte (Mobinil), la baisse du taux d'investissement est seulement de 1%, en Tunise (Tunisiana) de 3%, au Pakistan (Mobilink) de 15% et au Bangladesh (Banglalink) de 32%. Il faut dire que cette nouvelle réduction d'investissement de la part des responsables d'OTH n'est pas la première du genre en Algérie. Le fameux adage : « Jamais deux sans trois » se vérifie amplement chez les dirigeants de OTH. En effet, Djezzy avait donné un sérieux coup de frein à son élan au premier trimestre en réduisant ses investissements à hauteur de 39% au premier trimestre et de 54,7% au deuxième trimestre de l'année en cours. Cette nouvelle politique prônée par l'équipe d'OTH n'est pas sans susciter des interrogations sur les véritables intentions de Naguib Sawiris. Durant l'été dernier, la filiale algérienne d'OTH, qui s'est retirée sur le pointe des pieds de la scène médiatique, affichait un profil bas devant ses alter ego, à savoir Nedjma et Mobilis. Djezzy, une poule aux œufs d'or Des rumeurs insistantes faisaient même état d'une éventuelle vente de Djezzy à France Télecom. Ce n'est que vers le mois d'octobre dernier que le puissant boss d'Orascom Télécom a mis officiellement les points sur les « i ». D'ailleurs, il avait démenti, à la fois, devant des représentants de la presse nationale du haut de son siège en Egypte, les mauvaises langues donnant Djeezy pour « cessible » et la prétendue politique de désinvestissement de son groupe en Algérie. « Cette entreprise existe en Algérie, emploie des Algériens et paie ses impôts en Algérie. Djezzy n'était pas à vendre, encore moins Orascom Telecom Holding, je vais augmenter mes investissements en Algérie et Orascom sera là dans dix ans, dans vingt ans… Nous ne sommes pas pressés. Nous n'avons pas senti de changement dans l'attitude du gouvernement à notre égard », avait-il assené. L'alignement des trois rapports financiers pour chaque trimestre de l'année 2008 relatifs à l'action d'investissement d'OTH en Algérie apporte une contradiction têtue aux rassurants propos de Sawiris. On se souvient encore que les responsables d'OTH ont même soulevé l'ire des autorités algériennes, après le « mauvais coup » de la vente en catimini de Orascom Cement, propriété de Nassef Sawaris, frère de Naguib Sawaris, au groupe français Lafarge pour un montant de 8,8 milliards d'euros. La démarche des responsables d'OTH, stigmatisée à mots couverts, il faut le dire, par le président Bouteflika himself lors de son discours aux relents de mea culpa en juillet dernier, a vite fait réagir les pouvoirs publics qui n'ont pas manqué de monter une série de mesures jugées drastiques par de nombreux investisseurs étrangers. Imposition d'une taxe de 15% sur le transfert à l'étranger des dividendes des multinationales et détention de la majorité du capital des entreprises nationales proposées à la vente sont, entres autres, la réponse du gouvernement. Avec ses mesures, les pouvoirs publics avaient un message à délivrer : la vente décriée, au demeurant, des cimenteries de M'sila et Mascara, opérée par Orascom Cement, ne se reproduira plus ! Il y a lieu de noter, par ailleurs, que la boîte algérienne d'OTH, Djezzy, est une véritable « poule aux œufs d'or ». Le chiffre d'affaires de OT Algérie durant le troisième trimestre 2008 s'élève à 1,5 milliard de dollars contre 1,3 milliard durant la même période de 2007, soit une hausse de 17,3%. A lui seul, le chiffre d'affaires réalisé par Djezzy contribue à hauteur de 37,5% du chiffre d'affaires total de la maison mère égyptienne. Les performances de Djeezy ne s'arrêtent pas en si bon chemin. Alors que la marge brute opérationnelle de Djeezy est de 949,73 millions de dollars, soit une augmentation de 14,7% par rapport à la même période de l'année 2007, son taux d'Ebidta s'élève à 63,4%. Sur un autre chapitre, Djezzy continue à dominer de « la tête et des pieds » le secteur de la téléphonie mobile en Algérie avec 63,6% des parts de marché. D'ailleurs, elle enregistre dans ses tablettes 14 455 123 abonnés durant les neuf premiers mois 2008 contre 12 514 275 abonnés durant la même période 2007, soit une hausse de 13,7 %.