Après les graves incidents navals de 1999, 2002 et en novembre 2009 entre les deux pays, voilà un nouvel incident qui ravive la crise entre les Corées. Les tirs d'obus nord-coréens contre une île sud-coréenne, tuant deux soldats et blessant dix-huit autres, viennent ajouter à la tension existante après la révélation d'un programme d'enrichissement d'uranium mené par Pyongyang. La Corée du Nord a tiré, hier, des dizaines d'obus sur une île de Corée du Sud, tuant deux soldats, déclenchant des tirs de riposte de Séoul et la mise en état d'alerte maximum des forces du Sud. Une cinquantaine d'obus, selon la chaîne de télévision YTN, sont tombés sur l'île de Yeonpyeong, habitée par un millier d'habitants et située en mer Jaune, dans une zone disputée par les deux Corées, théâtre d'autres incidents par le passé. Deux soldats sud-coréens ont été tués et dix-huit autres ont été blessés. Ces tirs interviennent alors que l'existence d'un programme d'enrichissement d'uranium en Corée du Nord a été révélée par un scientifique américain, accroissant la tension et l'inquiétude des Etats-Unis et de leurs alliés. À Séoul, l'état-major sud-coréen a confirmé que des obus avaient atteint l'île où se trouve un détachement de l'armée. D'autres sont tombés en mer. L'armée sud-coréenne a riposté aux tirs d'obus nord-coréens, a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense, qui a placé l'armée en état d'alerte maximum. L'armée sud-coréenne a procédé à 80 tirs de riposte, a indiqué le ministre de la Défense, Kim Tae-young. “L'armée de l'air et la marine menaient des exercices navals et le Nord semble avoir ouvert le feu pour s'y opposer”, a indiqué un responsable militaire cité par YTN. L'armée sud-coréenne a donné l'ordre à ses avions de combat de survoler l'île, a ajouté YTN. Le président sud-coréen Lee Myung-Bak a tenu une réunion d'urgence, a annoncé un porte-parole de la présidence. Les habitants de l'île ont été évacués vers des zones sûres et l'armée et la police dénombrent les blessés, a précisé YTN. Ceci étant, la Corée du Nord a accusé la Corée du Sud d'avoir tiré en premier, selon l'agence officielle KCNA. “L'ennemi sud-coréen, malgré nos avertissements répétés, a commis des provocations militaires en procédant à des tirs d'artillerie dans notre territoire maritime à côté de l'île de Yeonpyeong, à partir de 13h (04h00 GMT)”, a indiqué le commandement de l'armée nord-coréenne dans un communiqué diffusé par KCNA. L'armée nord-coréenne “continuera sans hésitation ses attaques militaires si l'ennemi sud-coréen ose envahir notre territoire ne serait-ce que de 0,001 millimètre”, selon le communiqué. En mer occidentale (mer Jaune), “il n'existera que la frontière maritime établie par nous”, ajoute le communiqué. La Maison-Blanche a “fermement condamné” hier le bombardement nord-coréen d'une île de Corée du Sud. “Plus tôt aujourd'hui, la Corée du Nord a attaqué à l'artillerie l'île de Yeonpyeong, en Corée du Sud”, a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, dans un communiqué, qui ajoute que “Les Etats-Unis condamnent fermement cette attaque et appellent la Corée du Nord à cesser son action belligérante et à respecter pleinement les termes de l'accord d'armistice”, a-t-il dit en soulignant que Washington était “en contact étroit et continu” avec Séoul. La Chine s'est dite de son côté “préoccupée” par les obus nord-coréens tirés sur une île de la Corée du Sud, faisant des blessés et déclenchant une riposte armée de la part de Séoul. “Nous exprimons notre préoccupation quant à la situation”, a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères par la voix de son porte-parole M. Hong Lei. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, s'est dit “très inquiet” après la “nouvelle provocation nord-coréenne”, hier dans un communiqué. “Je suis très inquiet des tirs d'artillerie nord-coréens sur la Corée du Sud. Cette nouvelle provocation militaire met en danger la paix dans la région”, a-t-il déclaré.