Plus de 150 élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), ainsi que des indépendants et des élus d'autres tendances politiques qui se sentent touchés devant “le règne de l'impunité et du désordre orchestrés contre la Kabylie”, se sont regroupés jeudi matin devant le siège de l'APC d'Azazga, qu'ils ont fermé durant toute la matinée. Cette action est une grande première dans les annales de la région, puisque ce sont les élus des APC et de l'APW, mais aussi des sénateurs et des députés qui ont fermé le siège de la mairie tout en observant un sit-in en signe de protestation “contre le danger menaçant l'ensemble de la population”. “Nous sommes affligés par toute cette série de rapts et d'assassinats répétés en Kabylie, mais aucune enquête n'a été ouverte à ce jour. Nous avons reçu des entrepreneurs complètement désorientés, ne sachant à quel saint se vouer. Hend Slimana (Allah y'rahmou) nourrissait à lui seul plusieurs familles. Ajoutez à cela le mutisme, loin d'être innocent, appliqué contre toute notre région la Kabylie par la télévision nationale, alors qu'elle ne manque jamais de s'émouvoir et de pleurer, au moindre acte de violence commis en Irak, en Palestine ou autre pays étranger”, déplore le collectif d'élus. L'action de jeudi a été décidée par le Forum des élus locaux du RCD après sa réunion tenue, lundi dernier à Azazga, à l'issue de la marche populaire qui avait eu lieu le matin du même jour à Fréha pour dénoncer l'impunité et l'insécurité suite à l'assassinat de l'entrepreneur Hend Slimana, mais aussi après l'enlèvement et la séquestration pendant sept jours de son cousin Omar, libéré la veille sans conditions, rappelle-t-on. Par leur sit-in, les élus protestataires entendaient “tirer la sonnette d'alarme et interpeller les pouvoirs publics devant les agressions, menaces et intimidations commises par des énergumènes sévissant en toute impunité”. Un point de presse a été tenu dans l'enceinte de la mairie par les mêmes élus qui ont rendu publique une déclaration où ils appellent “les concitoyens à rester mobilisés, unis, solidaires et vigilants pour faire barrage aux nombreuses tentatives de déstabilisation de la région, qui vit des évènements graves : kidnappings, assassinats ciblés d'opérateurs économiques, émeutes, désordre, injures et menaces à l'endroit des élus sous l'œil passif des services chargés d'assurer la sécurité des biens et des personnes. En plus de la nébuleuse salafiste, lâchée contre nos valeurs ancestrales, les relais de l'anti-kabylisme primaire sont à l'assaut d'une région qui refuse de se soumettre et de se normaliser. La transparence dans la gestion de nos élus locaux, qui présentent régulièrement des bilans avec des résultats probants sur le terrain de leur exercice à la tête des communes, dérange. Pris de panique devant cet élan, les ennemis du développement utilisent des procédés sournois pour freiner l'action de nos élus, tout en tentant de les déstabiliser par des provocations gratuites. C'est le cas, dernièrement, lorsque des énergumènes ont proféré des insultes, obscénités, menaces contre les élus de la mairie d'Azazga, de l'agression dans son bureau du président de l'APC d'Illoula, des rapts, rackets, agressions et assassinats, qui ont eu lieu aussi aux Ouacifs, Maâtkas, Iflissen, Azeffoune, Beni Douala, Beni Zmenzer, Boghni (…)”. “Que deviennent les nombreuses plaintes ? Que fait la justice ? Où est l'Etat ?” s'interroge-t-on à travers des banderoles. “Aux kidnappings jamais élucidés, s'ajoute une impunité avérée, puisque de nombreuses plaintes émanant des élus et des citoyens n'aboutissent pas.” Insistant sur la véracité de l'empêchement de l'investissement du Pnud en Kabylie, les mêmes élus font remarquer que l'absence de développement, avec la pauvreté qui s'installe durablement dans la région et contredisent tous ceux qui claironnent que “l'argent est disponible !” pendant que les collectivités ne reçoivent que des miettes.