Pas moins de cinq cents citoyens pointent du doigt les autorités de la wilaya qui ne veulent pas appliquer la réglementation fixée par la loi au sujet des indemnisations. Depuis juillet dernier, le sud de la wilaya de Tizi Ouzou, allant de Draâ El-Mizan jusqu'aux Ouadhias, en passant par Tizi Gheniff et Boghni, est alimenté en eau potable à partir du grand barrage de Koudiat Acerdoune de Bouira. Cependant, les propriétaires des terrains expropriés ne voient rien venir en ce qui concerne leurs indemnisations. Pourtant, ces dernières ont été fixées et les concernés connaissent à peu près le montant dont ils vont bénéficier. Aujourd'hui, ils commencent à s'inquiéter. Les cinq cents citoyens concernés pointent du doigt les autorités de la wilaya qui ne veulent pas appliquer la réglementation fixée par la loi au sujet de leurs indemnisations. À Mechtras, l'heure est à la mobilisation. Le collectif s'est réuni à maintes reprises pour s'enquérir de cette situation qui les inquiète. Eux qui ont facilité le passage des conduites et l'implantation de tous les ouvrages inhérents à ce projet. D'ailleurs, ils ont même désigné deux délégués qui auront la charge de suivre cette affaire. “Nous ne sommes pas contre les projets de développement dans notre wilaya”, disait l'ex-wali. “La preuve est là : des centaines de tuyaux ont traversé nos terres avec tous les désagréments provoqués, mais sans que personne parmi nous s'y oppose”, nous a dit l'un de ces expropriés. Contacté, M. Ahcène Cheballah, désigné par ses pairs pour faire avancer les choses, a énuméré toutes les démarches avec des documents à l'appui. “C'est la Drag qui ne veut pas appliquer la réglementation. Pourtant, la loi concernant les indemnisations est claire à ce sujet dans son article 11-91 du 17 avril 1991 pour les indemnisations préalables”, nous a-t-il expliqué en premier lieu, avant d'ajouter : “Les délégués ont fait même le travail de l'administration. Ils sont allés jusqu'à l'ANTB à Djebahia où on a leur signifié que l'argent des indemnisations est au Trésor. Qu'ils nous versent alors notre argent !” Les délégués, selon notre interlocuteur, ont accompli un travail de titan. “Maintenant, ils nous disent qu'il y a encore des réserves et le problème de l'arpentage. C'est faux. Le premier expert désigné a fait un premier travail avant que ce dernier ne soit confié à un deuxième expert en la personne de M. Mohia”, a-t-il précisé avant d'exhiber un document, daté de juillet 2009, sur lequel tout a été précisé aussi bien le prix du mètre carré que celui d'un olivier et même la superficie. Il faut rappeler que le prix du mètre carré varie entre cinq cents dinars et trois mille cinq cents dinars en rapport avec la nature du terrain, alors que celui d'un olivier est fixé à vingt-cinq mille dinars. “Si ce n'était pas pour utilité publique, on n'aurait jamais cédé nos oliviers millénaires pour cette somme. C'est un pan de notre culture”, ajoute-t-il. “Nous interpellons aussi le directeur de l'hydraulique qui a promis de nous aider, car il n'y a pas eu d'oppositions.” Et de conclure : “S'il y a des terrains dans l'indivision, il faut qu'ils versent l'argent de ceux qui n'ont pas ce problème.” Le collectif compte non seulement interpeller le nouveau wali, mais aussi le ministre des Ressources en eau. Notons que le problème d'indemnisations a poussé les expropriés, dans la commune voisine d'Assi Youcef, à occuper le lycée bâti sur leurs terrains afin d'exiger leur dû. Au rythme où vont ces blocages, il n'est pas écarté qu'ils recourent à ce mode de revendication.