Le directeur du groupe allemand Funkwerk Plettac Contel a été auditionné pour la deuxième fois par le juge d'instruction près le pôle judiciaire de Sidi-M'hamed chargé de l'enquête dans l'affaire Sonatrach. Il était question, cette fois-ci, de faire le point sur les transferts de fonds de certains inculpés dont des membres de la famille de l'ex-P-DG, ainsi que l'origine des biens acquis à l'étranger. Le DG du groupe allemand s'est présenté devant le magistrat pour la deuxième fois en sa qualité de témoin la semaine dernière. Il aurait maintenu ses premiers propos tenus l'été dernier où il avait précisé que la conclusion du contrat entre Sonatrach et son groupe avait été réalisée “sur la base d'une demande formulée par la société concernant un projet de sécurisation des équipements de contrôle et de protection”. Son offre a été acceptée vu son importance sur le plan technique, s'est-il défendu, mais Sonatrach aurait exigé, selon lui, un partenariat entre les deux groupes par la signature, en 2006, de 5 contrats portant sur la restauration du siège annexe de Ghermoul, la réalisation d'un complexe industriel à Hassi-Messaoud et la signature de 3 contrats pour l'équipement des structures des puits d'extraction d'un système de contrôle. Le montant du contrat a été estimé à 19 millions d'euros avant d'être réduit à 15 millions d'euros. Il a été octroyé de gré à gré sans être soumis à un appel d'offres. Le responsable allemand avait aussi répondu aux déclarations du fils de l'ex-P-DG de Sonatrach lors de la dernière séance des auditions des mis en cause dans l'affaire suivie de confrontations avec les témoins. Fawzi, le fils de Mohamed Meziane, ingénieur en informatique, avait révélé “avoir passé un contrat de partenariat avec la société Contel à hauteur de 200 actions dont le montant est estimé à 10 millions”. Pour rappel, Fawzi est actionnaire dans le groupe algéro-allemand Contel Algérie (qui fait partie du groupe Contel Funkwek Plettac). Le magistrat chargé du dossier avait décidé dans une première étape le gel des comptes bancaires du groupe allemand en Algérie dans les agences de BNP Paribas et City Bank. La société était dirigée par Ali Smaïl Djaffar, détenu et poursuivi dans cette affaire. Contel Algérie avait obtenu plusieurs marchés de gré à gré pour l'installation d'équipements de télésurveillance dans les bases pétrolières d'un montant de 120 millions d'euros. L'enquête diligentée par les officiers de la Police judiciaire du DRS a révélé qu'une villa sise à Paris d'une valeur de 560 000 euros aurait été offerte par le groupe allemand Funkwerk Plettac Contel à l'épouse de l'ex-P-DG de Sonatrach, vu “l'amitié” qui lie les deux familles, pour permettre à cette dernière de s'installer lors de ses soins en France. Le second partenaire, qui a été auditionné également comme témoin, est le groupe italien Saipem qui avait signé un contrat avec Sonatrach, pour la réalisation d'un système de transport par canalisation de gaz naturel (GK3) pour un montant de 580 millions. Mohammed Rédha, le second fils de l'ex-P-DG de Sonatrach, qui a rejoint le groupe italien Saipem comme conseiller, touchait 14 millions par mois et a pu obtenir, selon l'enquête, 480 actions sans contrepartie. Saipem aurait recruté le deuxième fils de Mohamed Meziane “pour faciliter les démarches pour l'obtention des marchés”. En effet, selon l'enquête, il aurait servi d'intermédiaire avec Sonatrach dirigée par son père, au sujet des 28 millions d'euros que devait la société italienne à Sonatrach. Les partenaires se sont abstenus de tout commentaire sur cette affaire, d'autant que “l'affaire est entre les mains de la justice”. “Tant que l'enquête est en cours, nous ne ferons aucun commentaire”, avait déclaré un responsable de Contel, cité par l'agence d'information financière Dow Jones. Du côté de Funkwerk AG, le directeur des investissements, Jorg Reichenbach, a juste affirmé n'être informé d'aucune malversation concernant sa société. Funkwerk Plettac Electornic GmbH “a seulement reçu et réalisé des contrats sur la base d'engagements réguliers et n'a jamais utilisé de moyens illicites pour obtenir un contrat”, avait-t-il précisé.