De hauts cadres de la société allemande Funkwerk electronic GMBH Plettac ont été auditionnés par le magistrat instructeur chargé de l'enquête sur le scandale Sonatrach au pôle judiciaire de Sidi-M'hamed. Selon une source proche du dossier, pas moins de 5 cadres, dont des directeurs, ont été entendus la semaine passée dans l'affaire liée à l'obtention d'un contrat portant sur l'acquisition du matériel de sécurité et de télésurveillance (caméras et alarmes) estimé à plus de 140 millions d'euros. Il s'agit d'un contrat de gré à gré octroyé à ce groupe choisi, par l'intermédiaire d'un des fils de l'ex-P-DG de Sonatrach, en l'occurrence Meziane Mohamed actuellement sous contrôle judiciaire, alors que ses deux enfants sont en détention. Selon le dossier de l'enquête, le marché portant sur des installations de sécurité a été octroyé à cette société allemande, représentée en Algérie, par le bureau d'études appartenant à l'ancien P-DG du CPA et son fils (actuellement détenus) par l'intermédiaire de l'un des fils de l'ex-P-DG de Sonatrach qui n'est autre que l'associé en même temps de ce groupe. Ils auraient, selon l'enquête, perçu des commissions importantes versées en devises dans leurs comptes à l'étranger, et aussi d'autres cadeaux portant donation d'appartements à Paris et aux USA au nom de leurs épouses respectives. Ce marché est à l'origine de l'enquête diligentée par le Département des renseignements et de sécurité (DRS) suite à un ensemble de renseignements qui ont révélé que cette société, récemment créée, a pu obtenir d'aussi grands marchés dans des conditions douteuses et est devenue le fournisseur exclusif de Sonatrach en matière d'équipements de sécurité. Pour rappel, 14 personnes ont été interpellées dans ce scandale. 7 ont été mises sous mandat de dépôt, dont les deux fils de l'ex-P-DG de Sonatrach, ainsi que l'ancien P-DG du CPA et son fils également, deux vice-présidents de Sonatrach et un entrepreneur privé, alors que l'ex-P-DG et 2 autres vice-présidents et trois cadres de Sonatrach ont été placés sous contrôle judiciaire pour “violation de la réglementation des marchés publics, association de malfaiteurs et corruption”. Selon une enquête menée par le Département de renseignements et de sécurité (DRS), pas moins de 1 600 marchés ont été attribués de gré à gré, ces dix dernières années, par Sonatrach, plusieurs hauts responsables seraient impliqués dans des malversations. Sonatrach n'est pas à son premier scandale, puisque le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait déjà instruit l'Inspection générale des finances (IGF) en 2006 d'enquêter sur les marchés conclus par Sonatrach et la société américaine dissoute BRC. 41 marchés de gré à gré auraient été conclus avec BRC, pour un montant total de 185,7 milliards de dinars (2,1 milliards d'euros). Le tribunal examinera prochainement aussi les dessous du contrat octroyé à la société italienne Saipem. Des cadres seront convoqués à cet effet dont le P-DG Tullio Orsi qui a quitté le pays avec 6 de ses proches collaborateurs italiens (son adjoint le vice-président, le directeur commercial et le responsable des projets) la première semaine de février juste après l'ouverture de l'enquête judiciaire et la mise de l'ex-P-DG de Sonatrach sous contrôle judiciaire. L'enquête judiciaire portera sur le contrat de la construction du gazoduc GK 3 qui a connu plusieurs malversations.