Dans cet entretien exclusif, Issaâd Bourahli qui rompt le silence, depuis presque trois années, revient sur les différentes étapes de sa carrière. Celui qu'on aime surnommer le renard des surfaces nous livre également, pour la première fois, quelques confidences. Ecoutons-le… Liberté : Tout d'abord, Issaâd quelles sont vos nouvelles ? Depuis mon opération de l'hernie discale que j'ai subie il y a deux ans, je profite de mon temps avec ma famille et les amis. Il est vrai que j'aurais pu jouer après, toutefois j'ai décidé de mettre un terme à ma carrière et du coup sortir par la grande porte. J'avoue également que depuis ce temps, je me suis totalement déconnecté de ce monde. Ne pensez-vous pas que vous vous êtes un peu précipité de mettre un terme à votre carrière ? C'est vrai. Avec le niveau des joueurs actuels qui activent dans le championnat en ce moment, j'estime avoir la possibilité de tirer facilement mon épingle du jeu. Mais que voulez-vous ? C'est ça la vie d'un footballeur. Et puis, il faut reconnaître que la blessure dont je vous ai parlé a été difficile à surmonter. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui m'a poussé à arrêter de jouer. Parlons maintenant de l'actualité. Vous suivez sûrement les nouvelles de l'équipe nationale de football… Et comment ? Cela dit, j'avoue que je ne suis pas trop convaincu par le jeu que produit notre équipe nationale. J'étais d'ailleurs contre le changement intervenu à la barre technique. Je ne dis pas que je sois contre Benchikha, toutefois j'estime qu'il aurait été préférable de laisser Rabah Saâdane poursuivre son travail. Pour être sincère avec vous, l'Algérie n'aura peut-être pas un autre entraîneur comme Saâdane. C'est un grand monsieur qui maîtrise parfaitement son sujet. Il a réussi là où beaucoup de techniciens étrangers ont échoué malgré les moyens financier colossaux qui ont été dépensés pour les faire venir. Lui au moins il a eu le mérite de qualifier l'Algérie à la phase finale de la Can et de la Coupe du monde de 2010. Selon des observateurs, l'une des raisons de son départ c'est qu'il a continué à ignorer les joueurs locaux au moment où l'EN avait besoin d'un nouveau souffle ? Non. Croyez-moi, en Algérie, rares sont les joueurs qui méritent réellement de porter le maillot des Verts. Je ne suis pas contre le produit local, toutefois j'avoue que mis à part quelques joueurs doués tels que Djabou, Metref, Meftah ou encore Hachoud, on n'a pas des joueurs qui peuvent évoluer dans un niveau supérieur telle une participation en Coupe du monde. Certes, nous avons de la qualité dans le jeu mais sur le plan physique, on ne peut pas rivaliser avec ce qui se fait en Europe. Pourquoi d'après vous ? C'est simple. En Algérie, on continue à travailler comme lors des années 1970. Le football progresse et les moyens également évoluent. Franchement, parmi les cinquante entraîneurs qui travaillent dans le pays, vous ne pouvez choisir qu'un seul qui pourrait aller loin dans sa carrière. Je pense que nos techniciens doivent aller se recycler et être au diapason de ce qui se passe un peu dans le monde. Il y a également la formation dans laquelle nos clubs doivent investir. Je pense que notre salut passe par-là. Je tiens à préciser une chose… Allez-y… En ce qui concerne Benchikha, je pense que c'est un gars qui a déjà fait ses preuves. Toutefois, j'estime que sa mission sera très difficile. Je pense que les joueurs doivent l'aider dans sa mission. Je lui souhaite en tout cas tout le bien même si je dois encore dire que sa tâche ne sera pas du tout aisée, notamment pour ce qui de la qualification à la phase finale de la prochaine Can. L'un des grands problèmes que rencontrent les Verts depuis quelques années, c'est le manque d'un attaquant de votre trempe… Tout à fait. C'est un constat dont beaucoup de techniciens en avaient parlé. C'est la réalité. Toujours est-il qu'il existe un joueur qui peut être très utile pour l'équipe nationale à l'avenir. C'est de Mustapha Djallit qu'il s'agit. Je pense que c'est un joueur qui a des qualités. Sa venue à l'Entente de Sétif lui fera sûrement du bien. Il a encore une grande marge de progression. Avec le temps, il sera plus efficace. Tout ce que je demande, c'est d'être patient avec lui comme ce fut le cas pour Ziaya, lequel, si vous vous rappelez, a eu à passer des moments difficiles avant d'exploser. Isaâd, vous avez vécu des problèmes en équipe nationale. C'est la même chose que ce qui s'est produit avec, par exemple, Lemmouchia, Hadj Aïssa et autres Chaouchi. Pourquoi ce sont toujours les joueurs de Sétif qui sont confrontés à de telles situations ? Je n'ai pas beaucoup de choses à dire à ce sujet sauf que les Sétifiens n'acceptent pas d'être victime de la hogra. Un commentaire sur ce qui s'est passé lors du match Egypte-Algérie qui s'est joué au Caire avec tous les incidents qui se sont produits… Pour être sincère avec vous, j'étais écœuré par tout ce qui s'était passé. Je pense qu'un match de football devait rester dans ce cadre. Malheureusement, des scènes désolantes se sont produites et qui ont porté un grand coup aux relations des deux peuples des deux pays. C'est vraiment dommage qu'un simple match de football ait pris une telle proportion. Pour l'anecdote, sachez que le jour de cette fameuse rencontre, j'étais avec un ami égyptien et on a suivi ensemble la partie. Au coup de sifflet final, rien ne s'est passé entre nous. On dit que vous avez raté une grande carrière pro en Europe... Oui c'est vrai. Beaucoup d'entraîneurs et de joueurs m'ont dit cela. J'ai eu plusieurs propositions toutefois, je n'avais trouvé personne à cette époque-là qui aurait pu m'orienter et me conseiller. C'est le destin, c'est tout ce que je peux vous dire… Qu'est-ce que vous avez le plus retenu durant votre carrière et lors de vos passages dans les différents clubs où vous avez joué ? Pour tout vous dire, là où j'ai joué, je garde de très bons souvenirs. Toutefois, si au CS Constantine c'est-à-dire au début de ma carrière, j'ai vécu des moments inoubliables d'autant plus qu'on constituait à cette époque une seule famille avec des joueurs tels que Ghoula, Bounaâs et Kaoua sous la houlette de Cheikh Saâdane. à l'USM Alger également j'ai passé les plus beaux jours de ma carrière avec à la clé plusieurs consécrations et une relation extraordinaire avec le public usmiste que je salue au passage. Quant à l'Entente, le club de ma ville, j'estime avoir donné le meilleur de moi-même car lorsque je jouais à ce moment, on se battait chaque saison pour sauver l'équipe de la relégation et il y avait une certaine pression. Hamdoullillah, j'estime avoir fait de mon mieux et cela même durant les pires moments que j'ai eus à vivre. En parlant de l'USM Alger, beaucoup de choses ont changé depuis votre départ avec l'avènement de l'ère du professionnalisme et la venue d'un nouveau patron en la personne d'Ali Haddad… De quel professionnalisme me parlez-vous. à dire vrai, pour moi rien n'a changé. Le niveau est le même, la violence subsiste dans les stades, les joueurs réclament toujours qu'on règle leur situation financière. La formation des générations futures est presque inexistante chez pratiquement tous les clubs. Il m'arrive des fois d'éteindre la télévision dix minutes seulement après le début d'un match de championnat. C'est pour vous dire que le professionnalisme n'a rien apporté. En ce qui concerne votre question, je vous dis une chose. Sans Saïd Allik, l'USMA est une équipe quelconque. C'est un homme qui connaît et maîtrise parfaitement le monde du football et c'est ce qui fait la différence entre les hommes. En voyant par exemple Dziri occuper le poste de manager de l'USM Alger, cela doit vous faire certainement plaisir... Ah oui ! Je suis très content pour lui. Peut-être qu'un jour je ferai comme lui. Vous avez des projets alors ? Oui. Actuellement je suis au stade de la réflexion car je n'écarte pas la possibilité de me reconvertir en entraîneur ou bien dans la formation des jeunes en créant un centre par exemple. Vous étiez à une certaine époque parmi les joueurs les mieux payés en Algérie. Actuellement, certains joueurs signent pour de grosses sommes allant jusqu'à trois milliards par saison… Ecoutez, la carrière d'un footballeur est très courte. Donc, il n'y a pas de raison pour ne pas s'offrir de telles sommes. Et puis, ce n'est pas le même marché de l'époque non plus. Si par exemple Adjissa jouait encore en ce moment, il aurait pu signer pour 50 milliards de centimes.