Le Salon international du livre a ouvert sa huitième édition sur un événement de taille : le retrait des stands d'exposition de deux livres de l'écrivain-journaliste Arezki Metref. Il s'agit des essais intitulés Algérie, chronique d'un pays blessé (édition Domens, 1998) et Algérie, la vérité mais pas toute la vérité (édition Domens, 2002). Les faits remontent au mercredi 17 septembre, quand les membres du Centre régional des lettres, regroupant huit éditeurs du Languedoc-Roussillon, sont informés de la nécessité de retirer un seul titre dans un premier temps, puis les deux, “ce qui est très étonnant, surtout concernant le livre édité en 1998 et qui était déjà présent au dernier salon du livre, sans qu'il y ait eu le moindre problème”, rapporte M. Jean-Charles Domens, directeur des éditions du même nom. Informé à son arrivée à l'aéroport Houari-Boumediene des faits, M. Metref s'est dit stupéfait par cet acte qu'il qualifie volontiers de censure. “Le contenu de mes livres n'a rien de subversif ; il s'agit d'une analyse politique de faits et d'évènements qui ont secoué mon pays et dont je fais ma propre lecture. Je trouve qu'à l'ère d'Internet, de pareilles pratiques sont indignes d'un Etat prétendument de droit”, affirme l'auteur rencontré en marge de la vente-dédicace de ses livres, revenus sur les stands après plus de vingt-quatre heures de suspension. L'un des principaux acteurs de cette minitragédie, ayant intervenu personnellement pour que la commission de contrôle se réunisse à nouveau, estimera pour sa part qu'“il s'agit d'une grossière erreur de jugement et que la décision avait été prise sur la base du titre, sans aucune connaissance du contenu. Rien dans les livres de M. Metref ne peut prêter à tant de bruits et j'irais jusqu'à dire que cette maladresse a été sciemment utilisée par ses amis journalistes pour lui faire de la publicité gratuite”. Le retard pris par certaines listes pour parvenir à la commission de lecture serait à l'origine de cet excès de zèle, affirme ce membre du Comité national de contrôle qui a requis l'anonymat, et “les rivalités connues entre M. Khomri, organisateur du Salon, et M. Metref pourraient être à l'origine de la suspicion née d'un acte maladroit”, conclut ce fonctionnaire. D. L.