La 13e édition du Salon international du livre d'Alger a fermé ses portes jeudi soir, alors que le public continuait à affluer. Pas de clôture officielle, mercredi déjà, les stands se vidaient les uns après les autres. Après avoir été inauguré, il y a dix jours par le président de la République, ce Salon prend fin ainsi après avoir fait le bonheur des uns et des autres et permis à de nombreux amateurs et assoiffés de littérature de s'offrir le livre de leurs rêves et ou d'assister à des cafés littéraires et autres ventes-dédicaces. Carrefour du livre par excellence, le Salon d'Alger constitue un espace idoine pour tous les amoureux du livre. Rendez-vous incontournable pour les écrivains, les journalistes et, bien entendu, les éditeurs et les lecteurs. Cette année, la 13e édition a constitué l'apanage des éditeurs en excluant les revendeurs de livres en gros. Baptisée «Raconte-moi un livre», la 13e édition a été placée sous le thème de l'enfance et la jeunesse, du 27 octobre au 5 novembre dernier, dans les pavillons de la foire d'Alger, le Salon international du livre d'Alger (Sila) a été enrichi par l'institution de sept prix littéraires par les organisateurs de la manifestation. «C'est la première fois que ces prix, qui visent à encourager la production littéraire nationale de qualité, vont être attribués», a indiqué le responsable de l'animation culturelle du Sila, Mohamed Balhi, qui est aussi directeur de l'édition à l'Anep, co-organisateur du Salon. Ces 7 prix visent à récompenser des auteurs nationaux dont les oeuvres ont été éditées en Algérie. Ils on été bel et bien attribués mais ont-ils véritablement une valeur ou une portée au-delà de nos frontières? On notera le Prix du livre pour enfants qui a été décerné à Abdelaziz Bouchefirat pour Hikayet wa kissas lil etfal (Histoires et contes pour enfants), publié par les éditions El Maârifa, le Prix du livre de jeunesse remis à Djouhar Khater pour son ouvrage intitulé La rose de lumière, paru chez Casbah éditions. Les lauréats du Prix du patrimoine sont l'écrivain Abdelhamid Benhedouga, auteur de Amthel djazaïrya (Proverbes algériens), édité par Casbah Editions, l'historien Abderrahmane Khelifa pour son oeuvre Honein publiée par Dalimen Editions et l'anthropologue Dida Badi pour L'Imzad (éditions Enag). Les écrivains Maïssa Bey et Waciny Laredj ont obtenu le Prix du roman, respectivement pour leurs livres Pierre sans tapis ou cendres, publié par les éditions Barzakh et Climatorium pour les fantômes de Jérusalem, paru aux éditions Baghdadi. Waciny Laredj a dédié ce prix aux enfants de la Palestine. Le Prix du meilleur texte en tamazight est revenu au livre collectif Tacemlit (Solidarité) de Hamid Oubagha, Ghania Khouchi, Kahina Ammari et Karima Bah, paru aux éditions Baghdadi. Enfin, le Prix du libraire est revenu, cette année, à Amara Lakhous, un Algérien journaliste, anthropologue et romancier, vivant en Italie depuis 1995. Il a été récompensé pour son roman intitulé Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, édité aux Editions Barzakh. Ce livre a déjà remporté un franc succès à l'étranger, où il a été couronné du Prix Racalmare Leonardo Sciascia et a partagé le Prix international Flaiano 2006 avec Enrique Vila-Matas et Raffaele la Capria. L'ouvrage, ponctué de proverbes et d'expressions algériennes, a été traduit et publié par l'éditeur français Act Sud avant d'être récemment publié en français en Algérie par les éditions Barzakh qui ont acheté les droits d'auteur auprès de l'éditeur français. Aussi, de nouvelles dispositions ont été prises lors de cette édition, comme l'exclusion des importateurs et des libraires et la limitation à 100 exemplaires de chaque titre exposé. Le mot «professionnalisation» est revenu souvent dans la bouche des organisateurs et, notamment d'Ahmed Boucenna, directeur de l'Anep et président du comité d'organisation du Sila. Encore une fois, le Salon a connu une grande animation et une belle affluence du public. Ceci sans négliger le côté des livres islamiques toujours en force au Salon. Autre constat affligeant fait récemment. On ne sait pas si les Algériens lisent et quoi exactement faute de statistiques, malgré l'existence d'un centre national du livre en Algérie. Le souhait serait que le Sila devienne un vrai baromètre de la production éditoriale nationale, avec chiffres à l'appui, édition et vente, afin que l'on détermine concrètement la situation réelle de notre champ éditorial. Le Salon international du livre d'Alger qui draine, en effet, un nombre non négligeable de visiteurs, constitue un événement culturel important qui exige une amélioration continue en matière d'organisation et davantage d'imagination pour qu'il ne soit pas gagné par la routine. Et d'effacer pour toujours cette idée de foire qui lui colle souvent. Une évaluation objective de ce qui se fait et une combinaison d'efforts sont nécessaires, entre les partenaires afin d'avancer et améliorer ce Sila. Pour une meilleure restructuration aussi de la chaîne du livre en Algérie.