Même si l'on serait tenté de qualifier la quatrième édition du FIFAO comme étant celle de tous les couacs, elle a permis de voir une bonne quarantaine de films (compétition courts et longs métrages, panorama cinéma du Golfe), qui s'inspirent de la réalité sociale et s'interrogent sur la place de l'homme dans le monde. Le rideau est tombé, jeudi dernier, sur la quatrième édition du Festival international du film arabe d'Oran (FIFAO) qui a eu lieu exceptionnellement du 16 au 23 décembre 2010. Vingt et un films étaient inscrits dans la compétition officielle du court métrage et treize dans celle du long métrage. Ce qu'on retiendra de cette édition est que les films projetés démontrent la grande vitalité du cinéma arabe, et surtout maghrébin. Si le potentiel humain est largement présent, en témoigne le prix d'interprétation masculine et féminine attribué à l'ensemble des comédiens du film musical Essaha, de Dahmane Ouzid (Algérie), la qualité technique et la maîtrise du langage cinématographique n'ont pas non plus fait défaut aux films projetés. Les regards étaient pluriels, et il a surtout été question de renvoyer un reflet de la société, même si le rapport à l'image demeure problématique. Cependant, les cinéastes posent des problèmes de fond et s'interrogent sur l'humanité dans un contexte où l'échelle des valeurs est totalement renversée. Frustrations, crise identitaire, guerres, clivages, modernité, poids des traditions, tabous… ce sont-là des thèmes qui sont au centre des films proposées. Mise à part Qarantina, d'Oday Rasheed Othman (Irak), prix du jury, qui sortait largement du lot, les films inscrits dans la compétition long métrage surprenaient peu : trames décousues, effet de surprise quasi inexistant ou encore manque de profondeur des personnages. C'est du côté du court métrage qu'on retrouve de l'audace et de l'originalité, avec des intrigues ingénieuses, un très grand souci esthétique et une véritable proposition artistique. On retiendra également la lenteur qui caractérise le cinéma des pays du Golfe, les Irakiens qui affichent une grande influence du cinéma iranien et qui ont réussi à intégrer la petite histoire dans la grande histoire, un cinéma libanais encore très imprégné par la guerre et une grande vitalité, ainsi que de l'engagement dans le cinéma maghrébin. L'histoire dans son sens le plus large intéresse les cinéastes, et leurs sociétés les hantent. Le regard sur l'histoire est toutefois moderne puisqu'il implique leur projection dans l'avenir. En plus des projections, deux conférences ont été organisées. La première portait sur la critique cinématographique dans le monde arabe, mais il semblerait que les critiques, qui généralement accompagnent la pratique, se noient dans un verre d'eau avec des concepts surannés. La conférence qui a porté sur la musique dans le cinéma a été largement plus enrichissante, d'autant qu'Abdelkader Bendameche a rendu hommage, à travers sa communication, au grand compositeur algérien Ahmed Malek. Mauvais points En outre, et malgré cette riche et pertinente programmation, le festival a connu quelques moments difficiles et autres couacs. La cérémonie d'ouverture était mal organisée et le rideau qui a caché les jurys, qui avait été présentés quelques minutes auparavant au moment des hommages, était une véritable maladresse ; les deux premières soirées du FIFAO étaient un véritable fiasco, puis la barre s'est redressée au fur et à mesure que les jours passaient. Les jurys long métrage, par contre, n'ont pas été à la hauteur de leur mission : sortie en plein milieu des projections et visionnage sur copie Dvd des films. Le jury court métrage était plus sérieux, plus assidu. Par ailleurs, les spectateurs ne se sont pas beaucoup déplacés pour assister aux projections. Le commissariat du FIFAO a certes mal communiqué, mais au-delà de cela, le public ne se sentait pas impliqué. “Ils viennent d'Alger, font leur festival et repartent à la fin”, nous déclare un spectateur à la sortie de la salle Maghreb. Cette déclaration est souvent revenue lors de nos échanges avec les Oranais. Mais cette édition a été organisée, à la dernière minute, exceptionnellement au mois de décembre. Habituellement, c'est au mois de juillet que le FIFAO se tient. L'édition de 2011 aura lieu en juillet au centre des Conventions d'Oran, mais le FIFAO gagnerait à être moins centré sur lui-même, d'autant qu'Oran est une des villes les plus ouvertes d'Algérie.