Le problème qui se pose, à travers l'exode forcé des 160 familles de Aïn Barbar, est d'abord celui de la vigilance vis-à-vis du terrorisme, qui est certes affaibli, mais loin d'être vaincu sur l'ensemble du territoire national. Le fait mérite d'être pointé, en ce moment où, dans l'entourage du président Bouteflika, on fait assaut d'éloges sur les vertus réconciliatrices de la concorde civile : 160 familles établies depuis des générations à Aïn Barbar sont sommées de quitter, illico presto, les lieux, sous peine de passer au fil de l'épée. La menace émane, bien sûr, d'une frange du GIA, “les Fidèles au serment”, qui promet des pires représailles à ceux qui refusent d'obéir à leurs injonctions. Voilà bien qui jure, quelque peu en tous cas, avec les récits triomphalistes des médias publics parlant inconsidérément d'un retour progressif des populations à leur terre, après que celle-ci fut débarrassée des “visiteurs de la nuit”. De toute évidence, il ne s'agit pas de contester la tendance au retour dans certaines régions du pays, encore moins d'être contre, dès lors que celui-ci permet à des milliers de citoyens “auto-déportés” pendant des années de retrouver leur élément naturel, leurs habitudes sociales. Le problème qui se pose, à travers l'exode forcé des 160 familles de Aïn Barbar, est d'abord celui de la vigilance vis-à-vis du terrorisme, qui est certes affaibli, mais loin d'être vaincu sur l'ensemble du territoire national. La preuve est là pour qui a des doutes. C'est que la concorde elle-même et tout le matraquage discursif qui l'accompagne, depuis sa mise en œuvre, ont créé au sein d'un large segment de la population l'illusion d'une Algérie pacifiée et réconciliée avec elle-même. C'est ce faux-semblant, à défaut d'un bilan palpable et mesurable, que le président Bouteflika et son entourage veulent ériger désormais en réalité absolue à vendre à la populace pour quémander auprès d'elle un second mandat. Mais, dans ce pays, il existe assez de femmes et d'hommes ayant assez de bon sens et de discernement pour prouver, par a + b, que la casse est suffisante dans le premier mandat. N. S.