C'est en marge des travaux de l'Union nationale des travailleurs de l'enseignement supérieur que M. Zenni Nabil, membre de la section syndicale du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) chargé de l'organique, nous a interpellés sur la situation vécue par les fonctionnaires de la cité universitaire 1000-Lits de filles de Batna. En effet, sur un PV portant le sigle de ce syndicat autonome et daté du 21 septembre 2003, il est fait mention de graves dépassements ayant entraîné l'hospitalisation de trois employés et d'une résidente. Les faits remontent au samedi 20 septembre, quand un camion de marque Toyota chargé des employés de la cité Amar-Achouri (1500-Lits garçons) et d'étrangers, a forcé la porte d'entrée de la résidence de filles. En parallèle, la porte communiquant avec la cité Amar-Ben-Fliss a été fracturée par près de 300 individus des différentes cités, armés de barres de fer et de pierres. Les employés de la cité de jeunes filles, en tentant de s'interposer à cette agression caractérisée, ont été violemment pris à partie par ces assaillants parmi lesquels figurent le délégué régional, le directeur de la cité universitaire Amar Achouri et le coordinateur des syndicats des cités universitaires. “Les faits se sont produits sous les yeux des agents de la sûreté nationale et du représentant de wilaya qui en a tout de suite informé le wali”, affirme ce syndicaliste encore mal remis de ses émotions. En guise de protestation contre de pareils agissements, cinq fonctionnaires de la cité ciblée par cette descente punitive se sont mis en grève de la faim, occasionnant l'hospitalisation dans la matinée d'un des fonctionnaires, victime d'un malaise cardiaque suite à une sévère chute de tension. À l'origine de cette sombre affaire, une rivalité syndicale qui aurait pris une tournure pour le moins dramatique. “La cité de jeunes filles 1000-Lits est la seule résidence où est toléré le Snapap, les neuf autres étant acquises à l'UGTA” , nous informe ce syndicaliste qui estime que la décision de mise à pied de Mme Boucetta, directrice de ladite cité, est une preuve irréfutable du désir de casser le seul syndicat autonome en activité. “C'est un cas d'abus de pouvoir caractérisé, de hogra au sens propre du terme, estime-t-il, eu égard aux excellents états de service de Mme Boucetta qui jouit d'une excellente réputation au sein de la cité”. Alors que la cité universitaire 1000-Lits de filles était au programme de la visite du chef de l'Etat à Batna, des tentatives de sabordement imputées à des membres de l'UGTA, auraient été initiées, déclenchant un mot d'ordre de grève largement suivi par le personnel. Toujours en signe de protestation, ces mêmes travailleurs ont bloqué l'autoroute située au sud de Batna, avant d'être reçus par M. Cherif Zerdouni, adjoint du divisionnaire de la sûreté de la wilaya de Batna auquel ils ont fait part de leur principale exigence, à savoir l'annulation de la décision de révocation de leur directrice. Et alors que le nouveau directeur est officiellement désigné depuis mercredi dernier, les choses semblent avoir définitivement atteint un point de non-retour. Réfutant définitivement la connotation politique que certains voudraient donner à cette affaire, les syndicalistes se disent “prêts à généraliser leur mouvement de grève de la faim afin que le pluralisme syndicale ne soit pas un vain mot”, soutient leur représentant qui rappelle qu'une copie du document, relatant la chronologie des faits, a été transmise au syndicat de la présidence de la République, du gouvernement, au ministère de l'Enseignement supérieur et aux services de sécurité concernés. Au-delà de la dérive grave consistant à régler des différends à coup de barres de fer, a fortiori au sein d'une résidence universitaire, c'est le danger de voir se généraliser pareilles actions qui donne à réfléchir. Le pourrissement, voulu ou non, en pareilles circonstances a occasionné de graves blessures à des fonctionnaires, dont le seul tort aura été de défendre leur lieu de travail contre des intrus, et qui attendent sur un lit d'hôpital que justice leur soit rendue. D. L.