La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a animé hier, au siège de son parti, une conférence de presse où elle est revenue sur les derniers évènements qui ont secoué la Tunisie et la fuite du président Ben Ali, les qualifiant de “révolution tunisienne”. “Les pays arabes sont les plus concernés par cette révolution du peuple tunisien qui a attiré les grandes puissances. Cette révolution, portée par le peuple tunisien, a montré que les peuples sont plus forts que les arsenaux militaires”, dira Mme Hanoune. Cette dernière n'a pas manqué de revenir sur les positions prises par les gouvernements occidentaux à l'instar des Etats-Unis et de la France qui, selon elle, ont attendu la dernière minute avant de lâcher le président Ben Ali. “Ils voulaient sauver le système Ben Ali, mais il a été jeté comme une peau et aucun ne voulait de lui. Les occidentaux étaient d'un cynisme et d'une hypocrisie extraordinaire.” Après tout ce qui s'est passé en Tunisie voisine, Mme Hanoune s'est interrogée sur le silence officiel de l'Algérie. “Pourquoi ce silence ? On dirait qu'il ne s'agit là que d'un fait divers ; mais ce n'est pas un fait divers. Ceci n'a pas empêché certains pays à l'image de l'Egypte et du Qatar de déclarer qu'ils respectent la volonté du peuple tunisien”, a-t-elle déclaré. Sur un autre registre, Mme Hanoune ajoute que ce qui s'est passé en Tunisie n'a rien à voir avec ce qui s'est passé en Algérie durant quatre jours. “Il ne faut pas confondre la révolution tunisienne et les émeutes de quatre jours qu'a connues notre pays. L'immolation du jeune tunisien, El-Bouazizi, n'a pas été programmée, ni préméditée. Chez nous, il y a eu manipulations et ce n'est pas sérieux de faire une comparaison, ou même de plaquer.” même si elle reconnaît qu'il y a “des similitudes”. Néanmoins, la SG du PT se dit étonnée de voir des membres du syndicat tunisien des travailleurs intégrer le futur gouvernement pluriel. “Ce sont des syndicalistes, je comprendrais le fait que des syndicalistes soient élus ou siégés dans le parlement, mais intégrer un gouvernement, ceci est inconcevable”, ajoutera-t-elle. “L'intégration de syndicalistes au sein du nouveau gouvernement tunisien, c'est une continuité d'un système au sein d'un petit changement. Les conférences nationales à l'africaine nous les connaissons. Ce n'est qu'une parade de ce gouvernement pour contenir cette révolution, et cela est un coup porté à l'indépendance du peuple tunisien”, a-t-elle déclaré. Ceci n'empêche pas Louisa Hanoune de tirer la sonnette d'alarme par rapport au chômage qui sévit en Algérie, en s'attaquant à ceux qu'elle a qualifiés de “spéculateurs et barons de containers”. “Trois cent mille chômeurs, c'est une bombe à retardement”, dira-t-elle, avant d'appeler à un débat national. “nous voulons participer à l'ouverture d'un débat. Un Etat qui a eu le courage de tendre la main aux terroristes doit avoir plus de clémence, de sagesse et d'intelligence pour traiter les jeunes”, a-t-elle dit en référence aux dernières arrestations opérées parmi les émeutiers. Hanoune s'est attaquée à la politique de l'emploi prônée par le gouvernement, la privatisation et à la corruption dans notre pays. “cette politique a échoué et il faut avoir le courage de le dire.”