Les Français et les Américains n'ont rien fait pour sauver le régime de Ben Ali, selon Louisa Hanoune. «Il n'y a aucune comparaison entre ce qui se passe présentement en Tunisie et les incidents qu'à connus l'Algérie récemment.» C'est par cette mise en garde que Mme Louiza Hanoune, présidente du Parti des travailleurs a inauguré la conférence de presse qu'elle a animée hier au siège du PT à El Harrach. Consacrée aux événements sanglants qui ont endeuillé le peuple frère tunisien, cette rencontre-débat avec la presse a été l'occasion, aussi, pour Mme Hanoune de revenir sur les moments de troubles qu'à vécus notre pays et les raisons pour lesquelles ils ont été déclenchés. La conférencière a tenu, d'abord, à rappeler les bouleversements ininterrompus ces trois dernières années sur les deux scènes politique et économique mondiale et leur impact sur les pays en voie de développement. Pour elle, «le désordre qui règne actuellement en Côte d'Ivoire qui se retrouve avec une direction bicéphale et la partition du Soudan sont l'oeuvre de l'impérialisme», et d'ajouter: «Ce dernier ne cesse d'échafauder des plans appelant à la révolte par ci, à la division par là, afin de protéger ses propres intérêts lorsqu'ils sont menacés». Lorsque les événements ont éclaté en Tunisie, ni les Etats-Unis d'Amérique ni la France n'avaient pris ouvertement position, préférant attendre la tournure que prendraient les événements pour se prononcer. «Les USA et la France ont tenté, jusqu'à la dernière minute, de sauver le système de Zine El Abidine Ben Ali. Dès qu'ils ont compris que la révolution l'avait emporté, ils se sont ravisés», s'insurge la présidente du PT. S'adressant à ceux qui tentent de lier les deux événements, Mme Hanoune tient à préciser: «Le peuple tunisien est sorti dans la rue pour dénoncer le président Ben Ali et le système capitaliste qui a accentué le fossé entre une minorité qui a accaparé toutes les richesses du pays et le peuple réduit à la pauvreté et la mendicité. A l'inverse, c'est pour dénoncer la flambée des prix du sucre et de l'huile que les jeunes Algériens ont manifesté bruyamment leur colère». Tout en dénonçant ce qu'elle appelle les barons du sucre et de l'huile, qui dictent leurs lois et influent sur les prix de ces deux produits sur le marché, la conférencière, très nostalgique, regrette cette époque des Souks El Fellah, des Galeries Algériennes, de la Sogedia et de l'Enajuc. «Laisser les produits de première nécessité entre les mains d'une poignée d'opérateurs est contraire à la loi et en même temps risque de provoquer, à l'avenir, d'autres troubles plus graves, en tout cas, que ceux que nous avons, jusque-là, connus. Pourquoi l'Etat ne crée-t-il pas d'autres sociétés nationales pour remplacer celles qui avaient été dissoutes dans les années 1990, telles la Sogedia, les Galeries Algériennes, les Souks El Fellah et l'Enajuc, elle constitueraient un rempart et limiteraient la casse en cas de crise sur le marché», selon Mme Hanoune. Elles s'est ensuite attaquée aux «spéculateurs de tout bord qui pillent les richesses du pays et qui profitent du silence de l'Etat pour faire prospérer leurs affaires». Selon la présidente du PT, ce sont ces derniers qu'on devrait punir, pas les jeunes dont une grande partie est au chômage et ne profite pas de l'allocation chômage, d'ailleurs insignifiante, allouée à certains par l'Etat. «Les nouveaux riches, à l'instar de Khalifa qui s'est retrouvé du jour au lendemain milliardaire, ne constituent pas un bon exemple pour ces jeunes», dira, en guise de conclusion, Mme Louisa Hanoune.