Après avoir étudié les huit défis auxquels fait face l'Algérie, nous continuons notre débat sur l'avenir en nous intéressant à la situation des différentes catégories sociales. Nous commençons par les étudiants, en quatre textes proposés le jeudi, en ce mois de février 2011. J'ai souligné, à plusieurs reprises, que même si la situation actuelle de l'Algérie est catastrophique, aggravée par le blocage et la paralysie institutionnels de ces dernières années, de nombreux facteurs positifs demeurent pour un redressement, pour peu que la gouvernance change et que des personnes compétentes, honnêtes et portées par l'amour du pays, choisies démocratiquement par leur peuple, prennent les rênes du pays. Ces facteurs positifs sont les ressources humaines à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, l'aspiration à la liberté et au développement de notre pays, les richesses immenses, notamment les hydrocarbures, qui peuvent être transformées de la malédiction actuelle en un formidable levier de développement. Enfin, la fin des illusions sur les différentes formules de pouvoir autoritaire ou d'homme providentiel choisi à l'intérieur du régime, qui ne masquent plus la nature profondément prédatrice du pouvoir en place. Pour donner une idée plus concrète sur ce que pourrait être l'Algérie de demain, je souhaiterais lancer une réflexion sur la situation des différentes catégories sociales, en faisant un diagnostic sur leur situation actuelle et leur souffrance due aux méfaits de la gouvernance actuelle et en traçant des perspectives d'amélioration, en soulignant les éléments de rupture indispensables pour améliorer leur sort et les faire participer au processus de développement du pays. Nous commençons par la situation actuelle des étudiants au sein de l'université algérienne. La situation actuelle de l'université algérienne et de ses étudiants est grave et peu susceptible d'améliorations si la gouvernance générale du pays ne s'améliore pas. Quatre problèmes ma-jeurs me semblent, aujourd'hui, obérer l'avenir des étudiants : (i) un déclassement important de la formation, notamment des filières littéraires et des sciences sociales, avec un décrochage de plus en plus marqué par rapport au niveau international ; (ii) une déconnexion de l'enseignement des besoins du marché du travail, même les plus simples, conduisant à un chômage d'insertion massif et au risque d'une vie professionnelle continuellement chaotique ; (iii) la disparition presque totale de toute perspective d'épanouissement personnel, d'ouverture sur la société et sur le monde pour les étudiants au cours de leurs études, contrairement à ce qui avait été amorcé dans les vingt premières années de l'indépendance. D'où le risque de perdre l'université comme moteur de la transformation et du progrès social et donc de nous scléroser durant encore plusieurs générations ; (iv) les querelles idéologiques sur la place de la religion ou les choix linguistiques dans l'enseignement, qui n'étant pas réglés continueront de miner l'université, déjà par ailleurs, terriblement secouée par la perte des repères et des valeurs morales qui touche l'ensemble de la société. Nous aborderons jeudi prochain, avec plus de détail, la question du déclassement de la formation. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !