Résumé : Zakia s'emporte facilement, les nerfs à bout. Ses enfants oublient le mauvais quart d'heure lorsque Salem leur donne le jeu vidéo qu'il leur a apporté. Elle voudrait être comme eux, insouciante. Après le dîner, ils retournent jouer. Salem reste avec elle, il veut discuter… 10eme partie -Avons-nous assez d'économies pour tenir le coup, au cas où on déménagerait ? - J'ai mis de côté de l'argent, pour l'achat de la maison… On pourra toujours puiser dans les économies, dit Zakia. Mais où pourrons-nous aller ? - En ville, propose Salem. Là, tu passes incognito… - Mais la location en ville est très cher ! - On n'a pas le choix ! La menace est sérieuse. Pour moi, pour toi, lui rappelle-t-il. Alors, autant prendre les devants et se mettre à l'abri avant qu'ils ne décident de passer à l'acte ! - Oui, tu as raison ! Depuis ce matin, je ne peux pas réfléchir… - Je comprends ta peur. Moi-même, j'ai peur, avoue-t-il. Ce soir-là, après avoir mis les enfants au lit, ils discutent encore. Ils font des projets. Ils devront les concrétiser rapidement. Le temps leur était compté. Le lendemain, Salem la prend au dépourvu. Elle le trouve en train de ranger ses affaires. - J'ai décidé de partir. - Pas aujourd'hui ? - Si, c'est devenu trop dangereux, dit-il. - Les enfants n'ont même pas eu le temps de profiter de ta présence ! Pense à eux ! - Je sais. On se verra ailleurs, dit Salem en fermant son sac. C'est par mesure de sécurité. Imagine qu'ils sachent que je suis ici et qu'ils s'en prennent à moi ? - Rien ne prouve que le danger est ici, réplique-t-elle. Ils peuvent avoir appelé de n'importe où ! On ne peut même pas identifier les appels ! Ils peuvent être d'ici ou d'ailleurs. Je ne pense pas qu'ils s'en prendront à toi, ces jours-ci ! Reste encore avec nous ! le prie-t-elle. - C'est bon, je reste, mais je repars dans trois jours, l'avertit son mari. Si jamais il m'arrive malheur, tu culpabiliseras toute ta vie ! Il prend sa veste et l'enfile rapidement. - Je vais sortir un peu, après j'irai attendre les enfants. - Je ne te comprends pas. Il y a un moment, tu voulais t'enfuir, et maintenant tu veux sortir et rester dehors, lui fait-elle remarquer. Tu veux qu'ils te voient ! - Comme tu as dit, rien ne prouve qu'ils soient d'ici ! Quand il sort, elle ne peut s'empêcher d'elle regarder par la fenêtre. Salem ne presse pas le pas. Comme s'il avait senti son regard sur son dos, il se tourne en souriant. Elle le trouve charmant. Il doit encore avoir du succès, auprès des femmes de tout âge. Pour la première fois, elle a un pincement au cœur, dû à la jalousie. Elle ne se fait pas d'illusions. Les femmes doivent tenter leur chance, auprès de lui. Peut-être qu'il aurait pu céder à la tentation ? Mais il n'a pas grand-chose en poche. Elle peut dormir tranquille. Il ne pourra jamais prendre une seconde femme à son insu. Depuis qu'il s'était engagé dans l'armée, c'est elle qui retirait son salaire. Comme convenu entre eux. Elle aurait bien voulu rencontrer ces copains et les connaître. Elle aurait pu savoir de quoi est fait leur quotidien. Ce que lui raconte son mari est bien vague. Après leur mission, sur le terrain, il se repose à la caserne. Elle pense qu'il doit beaucoup s'ennuyer. Il travaille dans une région où il n'a pas de famille et d'amis. Il devait se sentir bien seul, loin d'elle et des enfants. Enfin, même si cela devait être le cas, il n'en laisse rien paraître. Même après un mois ou deux d'absence… (À suivre) A. K.