Originaire de la ville Khenchela et vivant à New York depuis près de trente ans, l'artiste plasticien Boubkaker Laghrour est depuis lundi l'hôte de la ville de Tizi Ouzou où il expose, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, ses peintures et ses sculptures de style figuratif classique, réalisées suivant des techniques de la Renaissance italienne, jusqu'au 4 mars 2011. Parmi les œuvres exposées, des nus. L'artiste provoque. Non seulement à travers des représentations “interdites”, mais aussi par des exagérations voulues pour dénoncer un certain refoulement social, comme cette sculpture d'une femme voilée avec une mini-jupe, ou encore ces sculptures de femmes nues qui dévoilent leurs corps, finement sculptés, à un public peu habitué à de telles expositions. “Au musée d'Alger, les responsables de cet établissement m'ont demandé de ne pas exposer le nu de manière plus dévoilé, alors j'ai dis non, car je trouve que le nu est le sens exact de la sculpture…” L'artiste regrette toutefois l'absence, en Algérie, de modèle, un sujet vivant pour ne pas tomber dans l'imagination et l'imaginaire. “Les conditions de travail n'existent pas chez nous et on ne peut pas avoir d'école sans modèles. En plus, l'absence de fonderies pour les moulages en bronze pause vraiment problème”, nous dira-il. “Avant que le pays ne sombre dans un fanatisme révolu, je me souviens qu'on pouvait avoir des modèles vivants dans écoles des Beaux-Arts. Actuellement, nos responsables ne veulent pas qu'on dépasse un certain stade de création, ils ne veulent pas qu'on pense, car l'ouverture devient un danger pour eux”, a-t-il ajouté. Dans cette exposition bien riche, l'on peut admirer la sagesse de certaines œuvres figuratives comme celle du Targui, peut-être l'une qui, pour l'artiste, “représente l'authenticité de l'Algérien à travers un être opprimé mais présent”. “Le choix d'exposer à Tizi Ouzou est pour cette artiste un choix de tolérance. “Cette terre est tolérante, clémente et elle a beaucoup souffert.”