Le centre culturel Mouloud-Mammeri de Beni-Yenni, en collaboration avec la direction de la culture de Tizi-Ouzou, abrite, depuis hier, une semaine culturelle pour commémorer le 22e anniversaire de la disparition tragique du regretté et célèbre écrivain, linguiste et anthropologue Mouloud Mammeri. Cette année encore, c'est la dynamique association “Talwit” qui a concocté un programme riche et varié en l'honneur du fils de Taourirt Mimoun sous le thème : “Mouloud Mammeri, édificateur d'une nation plurielle.” Pour preuve, cette manifestation vient rappeler le legs scientifique et l'œuvre multidimensionnelle de Mammeri qui sillonnait le pays dans les fonds les plus inaccessibles pour déterrer des trésors culturels, des pans entiers de notre histoire et une mémoire collective à propulser dans l'espace de la conservation. “Dans les années 1945-1952, Mouloud était l'intellectuel brillant, élégant, admiré, écouté au village. Il avait eu le privilège d'étudier à Paris (licence de lettres classiques), de séjourner au Maroc auprès de son oncle Lounès, précepteur, puis chef de protocole du sultan Mohammed V” révèle cet éminent penseur et natif aussi des Ath-Yenni, en l'occurrence feu Mohammed Arkoun, dans ses souvenirs de Taourirt Mimoun. Pour revenir à cette commémoration, des slogans, évoquant l'omniprésence de l'Amusnaw dans beaucoup de domaines, sont placardés en harmonie avec les sept perles d'Ath-Yenni et dans plusieurs autres espaces culturels et maisons de jeunes de la région. L'ouverture officielle lancée hier par les autorités locales et les responsables de la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou fut marquée par une grande émotion et beaucoup de solennité. La manifestation s'étalera, sur quatre jours bien remplis, par des activités artistiques et culturelles dont une exposition permanente rehaussée par la présence de nombreux artistes en herbe et des jeunes et moins jeunes représentant plusieurs associations culturelles de Kabylie. Par ailleurs, des conférences-débats animées par d'anciens élèves de Mouloud Mammeri, Slimane Hachi, Abdenour Abdeslam et Rachid Bellil qui avait suivi les traces de Mammeri et continue, dans son sillage, la construction d'une œuvre autour des pratiques de l'Ahellil de Gourara. Mahfoufi Mehanna, projetterait sur la dimension et la résonance que prend l'œuvre de l'auteur de “Chikh Mohand a dit”. Aujourd'hui, à l'ère de “facebook”, la réalité virtuelle chasse une réalité vécue et l'enseignement qui ne prémédite pas sur les œuvres de Mammeri, Dib, Kateb, Djaout… en renouant avec des méthodes de lecture accessible à ses œuvres, ne pourrait pas construire un esprit critique et utile à la société. “C'est le meilleur hommage mérité qu'on peut rendre à ces hommes, après des années où l'obscurantisme s'est accaparé de notre école” note un vieil enseignant à la retraite, ami de l'auteur de “l'Opium et le bâton”. C'est dire que vingt-deux ans après la mort énigmatique de Dda L'Mouloud, des jeunes et moins jeunes, des écoliers du primaire aux universitaires ont tenu à participer à cette commémoration qui prendra fin lundi avec un concours culturel comme à l'accoutumée. Après les conférences et les débats, place aux représentations théâtrales qui permettent encore une fois à des jeunes des associations culturelles venues de Boghni, Iferhounène et Dra-Benkhedda de se produire sur scène au même titre que la troupe Debza qui a tenu aussi à être de la partie alors que des projections de films documentaires animeront toutes les soirées. Par ailleurs, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou abrite, aussi, depuis jeudi dernier, une autre semaine culturelle organisée par l'Association des enseignants de tamazight qui sera marquée par une exposition de documents retraçant la vie, l'œuvre et le noble combat de Mammeri, des projections de vidéo et tout un cycle de conférences-débats animées par des chercheurs et des universitaires bien connus tels que Slimane Hachi, Saïd Chemakh, Abdenour Abdeslam, Malika et Idir Ahmed-Zaïd et Rachid Bellil. Enfin, il est à noter que toutes ces festivités commémoratives prendront fin ce lundi à Taourirt-Mimoun par la traditionnelle cérémonie de recueillement sur la tombe de l'illustre Mouloud Mammeri décédé tragiquement le 26 février 1989 à la suite d'un mystérieux accident de la circulation survenu sur la route de Aïn Defla alors qu'il revenait d'Oujda après qu'il eut participé à un colloque sur l'amazighité. Le regretté “Dda l'Mouloud” fut inhumé le 28 février 1989 à Taourirt-Mimoun en présence d'une véritable marée humaine et en l'absence de toute personnalité officielle.