Des milliers d'étudiants, plus de 5 000 selon différentes sources, ont bravé le ciel peu clément de la journée d'hier et sont descendus dans la rue à Tizi Ouzou, à l'appel de la coordination locale des étudiants, CLE, pour exprimer de nouveau des revendications à la fois d'ordre pédagogique et politique. La marche s'est ébranlée à 10h30 du campus Hasnaoua pour se diriger vers le siège de la wilaya. Les étudiants, qui ont battu le pavé cette fois sans les partis politiques, ne se sont pas empêchés d'exprimer des revendications politiques qui ont même quelque peu dominé celles pédagogiques. “Pouvoir, généraux, rendez l'Algérie à son peuple”, “Etudiants, chômeurs, travailleurs, unissons-nous”, “Echaâb yourid isqat enidham” (le peuple veut la chute du régime), “Halte à la corruption”, “Pour un changement du système et non dans le système”, lit-on sur les différentes banderoles déployées aux côtés des portraits de Boudiaf, Abane, Ben M'hidi, Djaout et de nombreuses autres figures de la révolution et des victimes du terrorisme et de la répression. D'autres banderoles résumaient les revendications pédagogiques des étudiants, “pour une université publique performante et progressiste”, “non à la dévalorisation du diplôme d'ingénieur”, “pour le respect des franchises universitaires”, “halte à la répression des étudiants”, lit-on sur ces banderoles. “Tewfik barra”, “révolution”, “Bouteflika, Ouyahia barra”, “mazalna thouar”, scandaient à tue-tête les étudiants qui, pour dénoncer la manipulation médiatique du pouvoir, n'ont pas hésité à brûler les deux journaux Echourouk et Ennahar. La marche s'est achevée après lecture d'une déclaration à travers laquelle les représentants de la CLE ont expliqué que cette marche n'est qu'un début et que le combat va continuer. À Béjaïa, les étudiants semblent ragaillardis par le succès de leur marche de lundi dernier. Nabil, l'un des animateurs du Comité local des étudiants (CLE) a fait part de débats serrés, parfois houleux, lors d'une AG tenue au soir de cette dernière manifestation. Ils ont décidé, à l'issue de cette réunion, de durcir le mouvement et appeler à une “grève illimitée”. Une grève qui durera, selon Nabil, “jusqu'à satisfaction pleine et entière de leur plate-forme de revendications”. Lors des débats, une partie des étudiants a suggéré d'ouvrir le mouvement, auquel adhère le collectif des enseignants, aux membres de la société civile ainsi qu'aux syndicats. Cependant, la majorité des présents a préféré surseoir à ce projet. On a estimé que l'organisation estudiantine doit d'abord être confortée au sein des deux campus pour enfin espérer se frotter aux autres acteurs de la société. Des acteurs pour la plupart aguerris et rompus aux négociations. Tout en saluant l'initiative des étudiants, le bureau de Béjaïa de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme a expliqué dans un communiqué que “l'organisation et la mobilisation pacifique doivent rester les moyens privilégiés d'expression et de luttes sociales et politiques, loin de toute violence et agitation”. La Laddh n'a pas manqué, par la voix de Saïd Salhi, d'appeler la tutelle à ouvrir un dialogue franc avec les représentants légitimes des étudiants pour la prise en charge des revendications exprimées et la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'université