Rachid Ali Yahia, l'un des pionniers de la question amazighe dans le mouvement national, a été l'hôte de marque, samedi, de la ville de Béjaïa. Il est venu animer une conférence à l'invitation du Café littéraire de Béjaïa et de l'Association culturelle estudiantine Ithrene de la résidence Aamriou. La rencontre a été marquée par la présence de certaines figures du MCB à l'instar de Saïd Khellil, d'Aziz Tari et de Bezza Bencheikh. Avec humilité, le doyen du combat “une Algérie Algérienne”, a fait un exposé sur la question identitaire dans le mouvement national en rappelant à l'assistance le souvenir de ses compagnons de lutte : Ali Laïmech, Amar Ould Aït Hamouda et Benaï Ouali. Des militants auxquels il a rendu un vibrant hommage : “Ali Laïmech est une personnalité éminente dont les idées nouvelles à cette époque dans le combat pour la Libération nationale. On a tendance souvent à l'ignorer”, a-t-il déclaré avant d'axer son intervention sur les idées qu'il défend depuis des années, plus particulièrement sur la place de la langue arabe classique. “La langue arabe est une langue de l'aristocratie mecquoise. Elle n'a jamais été une langue de communication de la société”, a-t-il martelé. Un thème que l'orateur a longuement développé en s'appuyant sur des faits historiques. Sur ce chapitre, Rachid Ali Yahia a écrit un livre intitulé Réflexion sur la langue arabe classique, qui vient d'être réédité. Le conférencier soutient qu'aucun pays arabe, ou dit arabe, ne comprend cette langue arabe classique qu'il a qualifiée au passage de “langue de ségrégation”. “Les pays arabes et les pays dit arabes sont sous la domination de l'arabisme et du panarabisme”, observe-t-il en se déclarant pour l'arabe populaire algérien et tamazight du fait que “l'Algérie est un pays binational”. Sur un autre volet, Rachid Ali Yahia a abordé la nature jacobine du pouvoir algérien, qui, selon lui, a montré ses limites. D'où sa plaidoirie pour la décentralisation du pouvoir.